Chronique féminine, comédie sans romantisme pas sans charme, étude de mœurs, déclaration d’amour à Oslo, Julie en 12 chapitres est d’une densité étonnante et d’une énergie bien trop rare sur grand écran.
Depuis l’isolement et le confinement, le cinéma rappelle à chaque projection sa force: l’énormité de l’image, l’immersion nécessaire, l’enveloppement d’une musique, l’émotion au fil d’un récit court (j’en ai marre des séries qui ne finissent jamais ou ajoutent du climax au climax).
Allez au cinéma, vous verrez la différence avec une série de plate forme. Il n’y a rien de spectaculaire dans Julie en 12 chapitres. Pourtant c’est du véritable cinéma, à voir sur grand écran. A ressentir bigger than life, loin de nos quotidiens.
Pourtant c’est une vie assez banale que nous raconte le Norvégien Joachim Trier. Julie est une jeune femme un peu paumée dans la vie. Elle va tomber amoureuse d’un homme plus vieux qu’elle et là dessus, elle va bâtir le roman de sa vie, s’inventer et se réaliser.
La grande adolescente va devenir une femme structurée, passionnée et inquiète aussi. Joachim Trier va tenter de montrer sa complexité avec des idées lumineuses et des tensions dramatiques assez rudes pour le spectateur. On rit et on pleure. Comme dans la vie. Mais c’est du cinéma. Celui qui fait respirer très fort, autrement, loin de son canapé. Celui qui donne à voir autre chose!
C’est la mise en scène sublime qui va nous permettre d’atteindre les rêves et les doutes de Julie, jouée avec malice par Renate Reinsve, qui se donne à fond pour faire vivre ce personnage proche de nous et mis en perspective par la réalisation elle aussi futée de Joachim Trier.
Sur une tragi-comédie, on devine que l’on est manipulé par le cinéaste mais ca ne dérange pas car une fois de plus, il rivalise de simplicité et de plaisir pour nous raconter pas grand chose mais il le fait comme si sa vie en dépendait. Donc nouvelle fois, il surprend par ses idées souvent géniales (qui rappellent de temps à autres Woody Allen) et cette façon ouatée de filmer la ville, en l’occurrence Oslo.
Il scrute avec sa caméra assez espiègle l’humanité dans ce qu’il y a de basique et de profondément beau si on y ajoute un cadre, une image, une musique. C’est ce qui rend ce cinéma si important et touchant. Julie en 12 chapitres est une œuvre profonde que l’on ne trouvera nulle part qu’au cinéma!
Sortie le 13 octobre 2021
128 minutes
Romance