Almodovar revient à ses premiers amours: les femmes,les femmes et les femmes!
Alors les hommes n’ont qu’un second rôle dans ce nouveau drame. Ils n’ont pas beaucoup de chance. Ils sont lâches, dispensables ou morts. Il y a un père qui se réconforte avec le jeune femme venue soigner son épouse gravement malade. Il y a un écrivain qui manque de caractère. Trop taiseux. Il y a aussi un amant, pêcheur taciturne et sexy, qui sera responsable de l’étrange relation entre Julieta, professeur indépendante, et sa fille, Antia.
On ne va trop dévoiler le scénario. Comme toujours, Almodovar féminise les théories du film à suspense, un peu à la manière d’Alfred Hitchcock. Il y a une tension sourde et des mystères sombres. Très vite, l’attitude de Julieta devient l’enjeu de tout le récit, qui peu à peu, va nous livrer des secrets inavouables, des pièges existentiels et des réalités cruelles.
Almodovar est moins excentrique que d’habitude. Bien entendu, il a toujours un amour pour les références artistiques, le design prononcé et les costumes quasi baroques. Mais on est marqué par sa grande sobriété. Cette fois ci il semble vouloir aller à l’essentiel: ce qui de Julieta, son mélodrame le plus âpre.
On ne dira rien sur l’intrigue mais on sort bizarrement sonné. Les rapports humains deviennent des rapports de force. Il n’y a pas grand chose à sauver. La solitude est presque un refuge. L’esthétisme s’estompe pour laisser sortir la noirceur des sentiments et Julieta s’engouffre dans une introspection douloureuse et nécessaire.
Heureusement cela reste très romanesque. Les femmes sont incroyablement belles et nobles. Le quotidien est transcendé par l’élégance d’une mise en scène toujours élégante. Car derrière le mélodrame, on ressent toujours l’amour du cinéaste de Tout sur ma Mère: pour les femmes et pour le cinéma. C’est ce qui fait de lui un grand réalisateur!
Avec Emma Suarez, Adriana Ugarte, Daniel Grao et Inma Cuesta – Pathé – 18 mai 2016 – 1h39