Un député zurichois, clairement coupable d’avoir tué un professeur universitaire, demande, de sa prison, à un jeune avocat de concevoir l’hypothèse de son innocence.
Quelle relation entre le pouvoir et la justice ? Et quelles implications sociales, si le questionnement se situait dans la riche, neutre et pacifique Suisse des années 50 ?
Un jeune avocat, Spät, raconte à la première personne, sous forme de rapport pour la police, son expérience, cette histoire d’injustice dans laquelle il a été piégé. Mais le ton de son écriture n’est pas sobre et objectif du tout. Le style est tourmenté, la chronologie des événements se confond, faits concrets et émotions personnelles se mélangent sans arrêt.
Spät est devenu un avocat trop souvent ivre. Désormais ses seules clientes sont des prostituées. Il passe ses journées dans des bars malfamés et s’engage à cacher les crimes de quelques petits délinquants.
La justice n’a déjà plus aucun sens pour lui, depuis que le député Isaak Kohler a réussi à sortir de prison et à partir dans un long voyage autour du monde, alors que son crime était si évident. Elle ne peut être rétablie qu’en commettant un deuxième homicide, celui du député, et un suicide, évidemment celui de Spät.
Justice est à la fois une réflexion métaphysique touchante et une intelligente critique sociale, un lourd jugement sur un pays presque jamais nommé directement et un récit passionnant.
Un roman qu’il faut redécouvrir à tout prix. L’incipit de l’histoire, en ligne sur le site de l’éditeur, ne pourra que vous pousser à vous procurer rapidement ce livre.
Gloria Morano
© Etat-critique.com – 29/04/2008