On jette les grelots. On vomit le hit hivernal de Mariah Carey. On fuit les compilations de vieux crooners. On évite soigneusement les disques de Noël sortis par des chanteurs qui n’ont plus grand chose à dire…
On remplace cela par du gros chevelu qui a les bras tatoués. On affûte les guitares qui se font des rails de coke. On se prépare à pogoter un peu partout autour de la table festive avec les oncles racistes et les tantes qui sentent la naphtaline.
Cette année, les petits enfants de cœur ont des blousons en cuir, des écussons de leurs groupes préférés, des pantalons trop serrés et des cheveux gras. Ils ont la délicatesse d’un père Noël bourré à l’aquavit et ils arrivent à faire des albums assez réjouissants, qu’il ne faut jeter dans la cheminée.
C’est le cas par exemple de Electric Elite, un vrai disque de heavy metal à l’ancienne. Il suffit d’observer la pochette pour savoir que l’on va remonter le temps avec les Canadiens électriques de Riot City
Les références sont faciles à retrouver: Iron Maiden ou Judas Priest. La voix est hurlante et sentencieuse. Elle monte à se faire exploser le vibrato. Elle concurrence comme elle peut l’orgie de guitares.
A ce niveau, c’est la grosse débauche d’énergie. Les musiciens connaissent leurs classiques et les adaptent avec une fervente énergie. C’est un récital du heavy metal. Ce n’est pas pour autant de la parodie. Les musiciens sont en mission et cela se ressent. C’est touchant car ça peut paraitre kitsch mais ces nouveaux gardiens du temple on la foi! En période de Noël rien de plus normal que les saluer!
A Noël, on a le droit aussi de croire en la résurrection: on ne s’attendait pas à un si bel effort d’un vieux groupe comme Megadeth. Pour les novices, un résumé s’impose: Dave Mustaine, guitariste, se fait virer en 1983 d’un petit groupe de metal californien, Metallica. Revanchard, il fonde Megadeth et fait la course après le succès avec un certain panache.
Mais après avoir rivalisé avec Metallica, et tout un tas de problèmes d’alcools, de neuropathie et de drogues, on avait un peu oublié ce mastodonte du genre. Qui se refait une belle santé après le covid.
Leur nouvel album au titre charmant, The sick, the dying and the dead est donc un bon disque énervé avec de gros morceaux de barbaques, des glissades trash des guitares, un Ice T qui vient faire coucou, de la batterie assassinée par un batteur surexcité par les malheurs du monde chanté par un Dave Mustraine qu’on imaginait diminué par la maladie. Il n’en est rien.
Ça ne tremble pas une seule seconde. Ça exécute sans aucune retenue des cavalcades électriques. On devine même des nuances. C’est dire si Megadeth n’est pas un pouilleux cadavre: il y a de la vie là dedans et c’est franchement réussi… si on accepte les règles du genre, bien entendu.
Mais Noël est aussi une fête pour les enfants et on appréciera les jeunes pousses de Nova Twins, enfants de Rage against the Machine et de la pop music anglaise. Deux demoiselles de Londres se sont donc mises en tête de rivaliser avec les velus et les poilus du rock qui se joue en force.
Elles cassent donc les barrières entre les genres. Leur style est aussi furieux qu’abordable. Ne vous fiez pas à leur look de poupées sucrées pour consommation facile. Amy House et Georgia South sont de redoutables musiciennes.
Effectivement, plus d’une fois on pense à Tom Morello, le guitariste de Rage. Comme lui, la guitare aspire les influences pour sortir quelque chose de vraiment nouveau et pas forcément confortable. Et les paroles sont bel et bien politiques.
Punk, métal, pop et hip hop se confondent et se répondent. C’est assez spectaculaire comme alliage et il est parfaitement défendu par les deux amazones, véritables petites stars de la bidouille!
Pour Noël, la buche vous allez en prendre une en pleine poire et puis vous verrez ça vous fera finalement bien rigoler.