Art-scène, Théâtre

LA FABBRICA, Ascanio CELESTINI et Charles TORDJMAN

article_2572Le Théâtre de la Ville choisit de débuter l’année 2010 par une adaptation de la pièce de 2001 du célèbre comédien et humoriste italien Ascanio Celestini, mise en scène par Charles Tordjman.

 

Comment transposer le monologue de Celestini, la récitation toute particulière de ce jeune artiste italien, pour le rendre accessible au public français ? Comment adapter en France le style mordant d’Ascanio Clestini qui, depuis une dizaine d’année, raconte l’Histoire de l’Italie à travers des dialogues de la vie quotidienne, à travers un langage populaire et un accent romain très caractéristique et qui, la plupart du temps, ne remplit la scène presque nue que par l’éloquence de sa voix et de son visage, par le rythme infatigable de ses phrases ?

 

Si Celestini a conçu La Fabbrica comme un flux irrépressible d’où prennent forme et consistance les différents personnages de l’usine, leurs vicissitudes et leurs sentiments, Charles Tordjman, en accord avec le comédien italien, a choisi de confier la récitation du monologue en alternance par Agnès Sourdillon et Serge Maggiani et de les faire accompagner sur scène par la chanteuse Giovanna Marini qui, avec trois autres choristes, interprète en italien des chants traditionnels et d’autres écrits de Celestini et Marini eux-mêmes.

 

Cette interaction entre plusieurs présences sur scène se révèle une bonne solution d’adaptation de la pièce italienne. La multiplicité des voix, le ton décalé et naïf de Sourdillon et Maggiani, la poésie et la force des chanteurs sur scène donnent vie à une pièce à la fois ironique et lyrique dans laquelle la narration se développe à un rythme soutenu et, par la description de la vie quotidienne et des luttes d’usine, rend tangible l’Histoire de l’Italie du début du XXe siècle jusqu’aux années 70, en passant notamment par les deux guerres et l’époque fasciste.

 

Bien que le ton général trahisse légèrement le style de Celestini en devenant parfois trop pathétique et les chants trop prépondérants par rapport à la narration des comédiens, l’adaptation française de La Fabbrica se révèle tout à fait réussie.

 

http://www.theatredelaville-paris.com/spectacle-la-fabbrica-131

 

Gloria Morano

© Etat-critique.com – 06/01/2010

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