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La Fille dans le verre

La dépression. Une petite fille disparue. De faux spirites. Un vrai danger. Tels sont les ingrédients employés par Jeffrey Ford pour nous emmener dans un récit d’aventures endiablé.

Jeffrey Ford est un écrivain reconnu parmi les amateurs de littérature fantastique. On trouve sa trilogiePhysiognomony en livre de poche (J’ai lu) et voici que la collection Lunes d’encre chez Denoël, sort La fille dans le verre, roman paru en 2005 aux Etats-Unis et qui nous étonne à plus d’un titre par son atypisme.

En effet, même si Lunes d’encre publie des textes de science-fiction et de fantastique, ce roman n’en fait pas totalement partie, ou bien par la bande. D’autre part, on est impressionné par la qualité stylistique des écrits de Jeffrey Ford. La fille dans le  verre est si bien narré et si bien traduit qu’il aurait tout à fait sa place dans une prestigieuse collection de littérature étrangère.

Il s’agit d’un roman d’aventure ou d’initiation (que n’aurait pas renié Stevenson) dans lequel trois escrocs se trouvent aux prises avec une histoire qui les dépasse.

Schell est le patron de cette bande qui se fait passer pour des médiums afin d’arnaquer les personnes de la haute société de New-York et du New Jersey ayant perdu un proche et souhaitant le retrouver grâce au contact avec l’au-delà. Les comparses et amis de Schell sont un ancien Hercule de foire et un immigré mexicain clandestin, Diego, que Schell fait passer pour un devin hindou et qui est le narrateur de ce récit.

L’action se passe dans les années 1930, au plus fort de la crise économique qui secoue les Etats-Unis et l’on comprend vite que pour des personnes vivant de l’arnaque, il n’y a aucune autre solution que d’arnaquer les plus aisés.

Cependant la situation bascule lorsque, durant une séance truquée de spiritisme, Schell voit ou croit voir dans une fenêtre l’image d’une petite fille qui vient de disparaître. Il va alors convaincre son équipe de partir à sa recherche – pour de vrai.

Nos amis, qui sont passés maîtres dans l’art de la combine, de la dissimulation et du faux semblant, vont entrer en contact (en collision) avec le Ku Klux Klan et d’autres associations théorisant la différence des races. Nous sommes dans les années 1930 et cela fait froid dans le dos.

On le pressent, Jeffrey Ford, nous tient dans ses filets et ne nous laisse pas filer, mais il ne se contente pas du plaisir de nous raconter une histoire, il nous livre un merveilleux roman d’apprentissage et une mise en abyme des conflits qui secouent une société malade.

Jeffrey Ford, qui a un physique d’ogre débonnaire, semble faire partie de ces écrivains qui ne cessent de progresser. Il est à noter qu’il confie beaucoup de ses nouvelles à des sites Internet. Cela montre la générosité du bonhomme. Et croyez-moi, cette générosité, vous la trouverez dans La fille dans le verre, un roman enthousiasmant.

384 pages – Folio

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