Ohhhh comme c’est bon de vous retrouver, oui, je sais, n’en faites pas trop, mais oui, je sais, je suis affuté comme un string brésilien made Rio 2016, halé comme un pavé 3 épices à la plancha, musclé comme un demi cuisse de Teddy Riner et barbu comme dessous de bras catalan, bref, oui, vous m’aimez.
Néanmoins, si, durant de longues semaines, planqué dans l’arrière pays espagnol, je me suis éloigné de tout contact avec le vulgum pecus reporter d’I-Télé, le retour à son contact me percute en cette presque rentrée comme une téquila paf cingle le foie à 3h du mat’ à l’heure où le plein dépasse déjà la moitié et que, de fait, la remontée tsunamique n’est pas loin juste avant d’aller dormir. En effet, alors que les embouteillages à l’approche d’Andorre la vieille (ville couguar bling bling adepte du triolisme Montagne-France-Espagne), les multiples posts sur nanagram ou fessebook ou encore les terrasses pleines ras-la-gueule des bords de Vendée tendaient à me faire penser que, finalement, la France pansait ses plaies et que tout n’allait au final «pas si mal que ça »…bein non, de retour en France, mon petit écran, pas copieusement total, vomissait ses reportages aseptisés sans saveur, et n’avait donc pas franchement changé. Toujours un stagiaire reporter spécialisé en interview de mec en débardeur bord d’autoroute pour lui demander si, malgré la crise, il s’arrêtait bien toutes les deux heures pour donner à boire à ses mômes et que, parce que franchement c’est la crise, c’était bien raisonnable de partir aussi loin en vacances plutôt que se contenter d’une bonne vieille piscine municipale avec odeur d’urine dans mini-bassin pas franchement olympique.
Je retrouvais, également, ma jolie reporter savonnant à chaque passage dans le 6-9 morning 24/24 7/7 premier sur l’info, qui, en période de canicule, aime à rappeler qu’il faut arroser ses vieux et donner à boire à ses plantes, ou l’inverse, on s’y paume, que lors d’une interview avec un jogger, ce dernier, lui aurait confié, mais attention c’est une exclu, qu’il s’est mis à courir tôt le matin, car avec cette chaleur caniculaire venant de la canicule du soleil d’un été estival qui du coup donne des températures drôlement chaude olalala, bah c’est mieux que de courir être midi et deux, bah oui ma conne !
Pis, au cas où vous seriez comme 99% des français, à savoir abattus tristes sans emplois sans électricité sans rien à manger apeurés par la peur d’un attentat dans votre jardin préparé en douce par votre voisin qui, cet enfoiré de salimiste, ce fumier de Jean-Jacques, s’est laissé pousser la barbe lors de son séjour à Granville et a arrêté la bière pour cause de régime, bien louche tout ça quand même, la même reporter de terrain vous indique que vous pouvez toujours privilégier les zones ombragées à base d’ombres en cas de canicule ou encore les points d’eau à base de source aquatique car ils sont mieux que les places blanches en plein cagnard quand il fait chaud, bah oui ma conne !
Mais il y a pis de pis et pis que pis, on pensait la France au bord du gouffre après Nice, après Charlie, après le Bataclan, après la défaite en finale de l’Euro, après le retour de Sarkozy, après le départ de Claire Chazal, après la révélation de l’homosexualité de Florian Philippot, après tout ça, après le 49.3 sur une loi que, euh oui, enfin le truc le truc que tout le monde a oublié, bah non, patatratra, nos salons, nos cuisines, nos vérandas, nos rues, nos zones wifi, nos marchés, ont été envahis de Pokemon, alors qu’on n’avait rien demandé. Malgré des entrevues diplomatiques entre le Quai d’Orsay et la direction de cabinet de Pikachu, ils nous ont envahi quand mêmes les bestioles. Forts, très forts, ils ont introduis dans nos canalisations un liquide incolore et inodore qui a plongé le cerveau de toute une population dans un amour dévoué et sans failles au peuple Pokemon. Armés de leurs téléphones portables, petits et grands, riches et pauvres, enfin, français quoi, donc forcément abattus tristes sans emplois sans électricité sans rien à manger apeurés par la peur d’un attentat dans leur jardin préparé en douce par leur voisin, errent comme des zombis jour et nuit à la recherche d’un Pokestop (« arène à cons » en japonais) et lancent des pokeballs (« boules à cons » en japonais).
Une vraie guerre, des soupçons de dopages aux vues de leurs yeux carrés en fin de journée, les dernières économies de tout un peuple, pourtant pauvre abattu triste sans emploi sans électricité sans rien à manger, qui passe dans l’achat de Poképièces…
Et comme si cela ne suffisait pas, les plus fort des pokegamers ont peur de se voir voler leur téléphone près des Pokestop de bord de plage ; par mesure de sécurité, ils se cachent sous de grands voiles noirs pour mieux chasser et pour qu’on leur foute la paix, quitte à crever de chaud et à passer pour des épouses ou filles de terroristes potentiels !!! On appelle ça des Burkinimon Go ! Sorte de maillot de bain en forme de parasol Guinness refermé et qui se transforme, justement, en pokeball flottante, une fois arrivée dans l’eau, et hop hop hop, c’est pas moi le chat, d’Iran ou d’ailleurs.
Voilà, sinon, 42 médailles, c’est pas si mal, 42 degrés, c’est pas si froid, 42 morts en Bolivie dans des manifs, c’est pas qu’on s’en fout nous sur nos écrans français mais c’est pas si loin de la vérité ; n’oubliez pas de prendre en photo vos enfants de dos avec des couettes et un cartable neuf pour la mettre sur Facebook en indiquant « Pourtant abattus tristes sans emplois sans électricité sans rien à manger apeurés par la peur d’un attentat, ils vont quand même en CP et CE2 mes amourrrsss »…prévenez I-Télé, sait-on jamais, ça pourrait faire un bon reportage.