Délire sur la scène de la Tempête avec la reprise du Malade Imaginaire à notre époque.
Philippe Adrien nous offre un Malade imaginaire en prise avec son temps moderne : accaparé par les écrans dans un appartement saturé de hightech, marié à un transsexuel, guidé par l’appât du gain au risque de perdre le lien avec sa fille adolescente.
Guidé par sa volonté d’afficher sa puissance éternelle, l’Argan d’aujourd’hui pioche dans les recettes des grands groupes pharmaceutiques, l’homéopathie ou la médecine traditionnelle pour trouver un remède à son mal profond : la peur de vieillir. Saturé d’information, il veut tout savoir sur les artifices au bénéfice de sa santé. La grande nouvelle de la pièce c’est la découverte scientifique permettant de vivre 1000 ans.
La mise en scène originale illustre alors les contradictions intrinsèques à l’homme entre le lâcher prise et la volonté du tout contrôle, l’aspiration aux médecines douces et la foi dans les pilules miracles.
Après qu’on ait salué dernièrement l’interprétation de Patrick Paroux et Pierre Lefebvre dans la très réussie École des femmes dans ce même théâtre, on réitère notre enthousiasme sur leur jeu. Patrick Paroux est parfait en Argan, obnubilé par la peur de vieillir et Pierre Lefebvre incarne un copain de sa fille puis sa sœur avec une fougue et un humour remarquable. Leur duo sur la scène de la Prostate a fait plier de rire la salle.
Entre deux supers trouvailles, le texte cependant nous perd. On ne voit pas toujours où les auteurs veulent en venir. Et on se redit que finalement l’éternité à laquelle aspire Argan existe dans les œuvres originales de Molière qu’il est audacieux mais pas toujours heureux de revisiter.
Jusqu’au 12 octobre 2014