Le capitaine Alatriste vient de se trouver un compagnon d’arme! Il s’appelle Alberto Cruz. Comme Alatriste, Cruz combat dans les armées de la famille des Habsbourg; comme Alatriste il participera au siège de Breda, ville hollandaise, bien éloignée de l’Espagne; comme Alatriste, il est insolent, aussi fort en gueule, qu’au maniement de la rapière.
La comparaison est d’autant plus réjouissante que les dessins de Casini sont à la hauteur des récits concoctés par Perez-Reverte. Casini a toujours su construire ses récits d’un riche fond historique. Ce fut le cas lorsqu’il s’est interessé à la révolution cubaine (Hasta la victoria!) ou quand il écrivait sur l’occupation allemande durant la 2ème guerre mondiale (Fragments).
Casini est toujours resté fidèle au éditions Mosquito qui publie encore ce nouveau récit de 66 pages. On ne lui connait qu’une infidélité commise avec Galandon et qui s’appelait « La Vénus du Dahomay ». Très beau récit que l’on pourrait comparer au film « Chocolat ».
« La lame et la croix » ne raconte pas seulement l’histoire de ce picaresque spadassin, elle dépeint l’Europe de l’époque, ses intrigues de cour, les luttes qui opposent les grands pays aussi bien religieuses que politiques. Le récit est dense et complexe. Ce mélange de grande et de petite histoire contribue à l’intérêt de l’album qui en fait de celui-ci plus qu’un simple récit d’aventure.
Casini, c’est aussi un trait reconnaissable entre tous et qui portant sait se renouveler perpétuellement. Autant de sujets abordés, autant de façon d’y apporter un angle graphique particulier. Encore une grande qualité de cet homme discret au français approximatif, disposant d’une grande patience et d’une immense générosité (je dispose de quelques dédicaces de la période cubaine que je ne donnerais pour rien au monde).
Au-delà du travail graphique Casini sait aussi utiliser les couleurs. Celles-ci restent toujours tranchées et numérisées et pourtant elles demeurent en adéquation avec le propos. On pourra regretter des rouges un peu sombres (mais c’est vraiment pour trouver un défaut à l’album)…
Alberto Cruz quitte Breda à la fin de l’album (comme Alatriste dans le premier tome du fameux capitaine…). Il part et se dirige vers une principauté allemande qui ne souhaite pas se rallier à la banière impériale des Hbsbourg. Là, ses talents de soldat sauront se rendre utiles. Vivement le retour de Cruz et de tous les autres personnages de cette fresque sur la guerre de 30 ans!
Mosquito – 58 pages