Dans le département de l’Isère, Clara, vingt et un ans, est assassinée en rentrant de chez sa meilleure copine. Les enquêteurs de la Police Judiciaire de Grenoble sont dépêchés sur place et commencent sans tarder leur enquête, méticuleuse et ingrate. Clara ayant été brulée vive, les policiers pensent à un crime passionnel. Sauf qu’il apparait assez vite que Clara multipliait les relations intimes, y compris avec des mecs peu fréquentables.
« Il a dit qu’elle était facile?
– Non, il a dit qu’elle était pas compliquée. »
Le nombre de témoin, et de suspects potentiels, empêchera les policiers de trouver le coupable (nous sommes prévenus dès l’ouverture du film qu’il s’agit d’une affaire non résolue, il n’y a donc pas de suspense.)
Les interrogatoires sont saisissants. Même lorsque les types paraissent « normaux » de prime abord, leur comportement et leur propos sont hallucinants. L’un d’entre eux, vexé de ne pas avoir l’exclusivité sur Clara, confesse avoir écrit un rap appelant à la « cramer », un autre est pris d’un fou-rire pendant un face à face tendu avec un flic, un troisième se vante de l’avoir « baisée fort ».
La clé du meurtre nous est donnée par la meilleure amie de Clara, qui ne comprend pas pourquoi le directeur d’enquête tient absolument à savoir si elle avait, ou non, couché avec un marginal qui ferait un coupable idéal : » Elle s’est fait tuer parce que c’était une fille, voilà, c’est tout ». On est alors effrayé de constater que chacun des hommes croisés par Clara pourraient être le meurtrier.
La caméra suit les flics quasiment en temps réel, avec beaucoup de plans-séquence qui ajoutent à la véracité du récit, d’autant que les acteurs sont justes à un point qui impressionne. On connaissait le talent de Bouli Lanners, on est saisi par celui de Bastien Bouillon qui incarne avec profondeur le rôle du jeune chef d’équipe obsédé par cette enquête.
Son obsession est habilement illustrée par ses séances de vélo sur piste, au cours desquelles il tourne en rond, visage fermé et mâchoire serrée. L’affaire Clara lui tourne dans la tête, comme un petit vélo… (et pour une fois que dans un film français, le héros ne va pas à la piscine, on ne va pas s’en plaindre !)
Le film est tourné dans la région de Grenoble, où les paysages peuvent être aussi laids que splendides. Ce contraste colle parfaitement avec l’histoire de ce film où rien n’est simple. Cette fille si jolie et pétillante qui côtoie des mecs repoussants, ces enquêteurs aussi admirables qu’ils peuvent être lourdingues, leur professionnalisme en dépit du manque de moyens, leur implication malgré la lassitude…
« On rédige des rapports, des rapports, des rapports; on combat le mal en écrivant des rapports ».
La nuit du 12 est un film sensible, beau et poignant que je vous recommande !
Sortie nationale le 13/07/2022 – En salle depuis le 8 août 2022
Réalisé par Dominik Moll
Avec Bastien Bouillon, Bouli Lanners, Anouk Grinberg, Johann Dionnet, Théo Cholbi
Durée : 1h54. – Genre : Film noir-policier, thriller