So 2014! Gros coup de coeur. Verone réalise le disque de saison. Une oeuvre inclassable, désuète et atypique !
C’est vraiment le genre d’écoute assez casse gueule. On n’aime pas. On adore. Impossible d’être indifférent à la folk française et sombre de Vérone. Entre nous, on vous conseille de vous accrocher. Car Vérone est un groupe aux principes bien singuliers.
Dépouillée, la musique est d’un calme presque effrayant. Le duo Delphine Passant et Fabien Guidollet pour ce troisième opus est aidé par le rocker français et sous-estimé Sammy Decoster. Les gentilles et tranquilles apparences cachent un état brut de la musique dont on n’a pas du tout l’habitude. Les ballades cachent une sourde colère qui explose sur d’autres morceaux, assez versatiles.
Il y a une voix féminine pour policer les harmonies et une guitare sèche omniprésente. Il y a surtout la voix de Fabien, proche du conteur, plus que du chanteur. Il vit ses thèmes surtout quand ils ont une superficialité un peu déplacé: avec des poissons pour manger des peaux mortes comme sujet, le bonhomme arrive à vibrer et nous surprendre. Pas mal !
Il gronde, grogne, ironise. C’est un chanteur vraiment atypique. On a beau entendre la nature, le duo s’inquiète sur son époque (le très drôle Quand Même) et désespère sans se laisser abattre (le très cruel Vieille Peau). Un peu comme dans une saison froide, il faut se réchauffer: ils chantent pour retrouver l’ivresse, le plaisir, l’humanité, la vivacité. Il embrasse la tristesse pour mieux la rejeter ensuite. Le constat est dur chez Vérone. Il y a beaucoup d’amertume dans leurs textes mais le résultat harmonieux finit par séduire.
Les idées sont noires mais le duo arrive à éclairer d’une étrange lueur leur musique. Vérone pourrait nous plomber le moral cependant leur approche raide et un peu dingue de la folk fonctionne.
Qu’il continue de percer dans cette voie !
A offrir à ceux qui n’ont pas peur des choses étranges!