Art roman et roman polar à l’honneur !
La Promesse de l’ange est un bon polar historique sur le Mont-Saint-Michel et ses constructeurs bénédictins du XIe siècle. Ecrit par Frédéric Lenoir et Violette Cabesos, le roman a une grande qualité : réussir à plonger le lecteur dans la vie de l’abbaye en 1023. Pour cela, les auteurs s’appuient habilement sur une intrigue menée tambour battant par une héroïne contemporaine nommée Johanna et de solides connaissances historiques sur le Mont.
Archéologue hantée depuis son plus jeune âge par un rêve traumatique de moine décapité lui répétant en latin pour accéder au ciel il faut fouiller la terre, Johanna se voit rattraper par son destin. La voilà responsable d’un chantier de fouilles au Mont-Saint-Michel. Il s’agit de découvrir les causes d’une modification architecturale de l’abbaye et l’auteur de ces changements. Le lecteur se voit alors à la fois plongé dans les recherches archéologiques de l’héroïne et dans les prémices architecturales de l’abbaye. Jalousies et croyances contemporaines viendront lui mettre des bâtons dans les roues.
Si l’écriture n’est pas aussi fleurie que celle d’un Jean-François Parot, les détails donnés sur l’abbaye, le discours d’évangélisation de l’époque, les joutes verbales et les descriptions de personnages haut en couleur font leur effet. L’époque médiévale est valorisée au travers de moines respectant la Règle de St Benoît et une foi qui les pousse à bâtir des montagnes. L’époque des croyances bat son plein. L’époque contemporaine laisse apparaître des personnages dont les intentions sont souvent égocentriques, liées à des carrières et des conflits d’intérêt. Le lecteur plonge moralement en faveur du XIe siècle, de ces moines, même si bien sûr quelques brebis galeuses viennent assombrir le tableau pour pimenter l’intrigue.
Le roman est lui d’architecture assez classique. L’intrigue du XI siècle croise celle du XXIe grâce à une alternance de chapitres qui se font écho. Parfois le XIe siècle devance l’enquête de Johanna, parfois l’enquête de Johanna répond aux mystères laissés par les abbés montois. On se laisse malgré tout rapidement emporté par le jeu de pistes de Johanna et les références aux croyances de l’époque chrétiennes ou celtiques. Inévitablement, le roman donne envie de retourner au Mont et de redécouvrir l’Archange. Dans une balance, nul doute que ce joli polar sur l’art roman est un bel hommage au site et ferait pencher le plateau du bon côté. Un petit paradis.
(La Promesse de l’ange a obtenu le prix des maisons de la presse en 2004 et a été traduit en 10 langues… cela s’appelle un succès de librairie ? Un best-seller ?)