Jean-Bernard Pouy nous raconte l’histoire d’un truand comique et attachant qui se prend pour Lee Marvin. On s’amuse à chaque page et on en redemande.
Antoine Laigneau dit Loulou est serrurier, spécialisé dans les clefs et mécanismes anciens. Il est plutôt bon dans son domaine. La preuve, il reçoit des commandes des Musées nationaux.
Antoine est aussi un ancien truand rangé des voitures qui pour s’offrir l’outil de serrurerie de ses rêves accepte de participer à un coup.
Le coup en question est commandé par la mafia russe et consiste à ouvrir la serrure d’un coffre ancien situé dans un manoir de la région parisienne.
Antoine l’accomplit avec maestria. Le problème c’est qu’on refuse de lui payer la somme promise. Lorsqu’il proteste, on le tabasse et on le laisse pour mort sur un quai de gare, un mélange de drogue dans les veines.
Sauvé par miracle « comme Chevènement », Antoine décide alors de prendre sa revanche sur les truands qui l’ont humilié. Il n’a plus qu’un objectif : récupérer les 10 000 euros qu‘on lui doit. Juste 10 000 euros, le montant exact de sa «prestation ». Une idée qui lui vient durant sa convalescence en visionnant Lee Marvin dans « Le point de non retour » de John Boorman.
Ce qu’il ne sait pas c’est qu’en retrouvant l’endroit du cambriolage et la trace de ses agresseurs, il va mettre le nez dans un scandale politico-financier d’importance avec en toile de fond la spoliation des biens juifs pendant l’occupation.
On suit avec jubilation les péripéties de ce personnage obstiné, ex-truand et…artisan serrurier. Ça change des flics ou des journalistes !
Antoine est attachant parce qu’il n’a rien d’un héros et qu’il est (presque) seul à attaquer ses agresseurs. Et surtout, il est drôle.
Jean-Bernard Pouy lui prête sa verve audiardesque et lui fait rencontrer des personnages assez hilarants. Tels celui de Paulo, pilier de bistrot passionné de quizz télévisés, ou de Bernard Hinot, correspondant du Clairon de l’étampois, incollable sur l’histoire de son département et fasciné par les vaches. On s’intéresse aussi aux relations qu’Antoine noue avec Sophie, une avocate qui le protège (et s’en éprend peut-être un peu) parce qu’elle rêve de faire condamner une multinationale.
En bref, voilà une histoire bien ficelée qu’on lit le sourire aux lèvres et qu’on quitte avec regret. Le kif de lecture donc!
Fayard noir – 25 pages