C’est normalement le paysage des polars et des séries B qui manquent un peu d’imagination : un parking de zone d’activités, sous un pont d’autoroute ou une déchetterie. On y imagine l’ennui sordide, le bitume violent et l’absurdité du monde moderne.
C’est ce que suggère, mais pas que, l’écrivain Jean Rolin, qui se promène encore après son livre Le Pont de Bezons. Ici, il suit un étrange parcours entre la campagne et la ville. Il suit avec précision une carte qui l’emmène dans des endroits isolés de toute façon.
Des lieux vraiment étranges qui forment une frontière. Il y croise des personnages tout aussi bizarres, entre lassitude et colère. Car nous sommes où exactement ?
La Traversée de Bondoufle pousse l’écrivain à glisser sur une ligne imaginaire, entre le moderne et l’ancien, entre le prétentieux et le désœuvré. Il y a des bâtiments modernes mais surtout des villages qui meurent et des immeubles, des parcs et des cités abandonnées.
C’est la France que l’on voit depuis nos voitures, quand on se dit que l’on est désormais à la campagne. Que fait l’auteur dans cette zone de quasi non existence ? On ne sait pas trop. C’est presque absurde. Il s’obstine à tout noter et cela rend la balade encore plus iconoclaste ou existentielle !
On ne connaît pas le but final de la randonnée mais on se plait bien à visiter des lieux inconnus ou saugrenus. Ou les deux. C’est baroque ou loufoque. Mais ça donne des fourmis dans les jambes et l’envie de découvrir par soi même son pays. C’est déjà ça.
paru en août 2022
208 pages / 19€
P.O.L éditeur
Livres, Roman, roman
La traversée de Bondoufle, Jean Rolin, P.O.L
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