Bénédicte Ombredanne est une femme ordinaire, professeur de français dans l’est de la France. Une lectrice ordinaire aussi, c’est-à-dire passionnée. Assez passionnée en tout cas pour oser écrire une lettre à Eric Reinhardt et lui dire à quel point elle a été touchée par Cendrillon, son roman paru cette année-là. Nous sommes en 2009 et une correspondance s’installe entre l’écrivain Parisien et la prof Messine, bientôt suivie d’une rencontre à Paris. Ils font connaissance, parlent littérature, envisagent de se revoir lors d’un prochain passage à Paris. Et ils se revoient, au même endroit quelques mois plus tard. Leur seconde rencontre, quelques mois plus tard prendra une tournure plus personnelle et Bénédicte y dévoilera sa vie, coincée entre un métier ingrat, des enfants égoïstes et un mari manipulateur et violent.
Avec L’amour et les forêts, Eric Reinhardt mêle encore brillamment réalité et fiction pour faire le récit vibrant, poignant et fascinant du destin de cette femme ordinaire et merveilleuse de courage, mais aussi de faiblesse. De révolte et de soumission. Son talent d’écriture est tel que l’on entre en empathie étroite, au-delà du « raisonnable », avec le drame quotidien d’un personnage inoubliable. Il ne laisse jamais son lecteur en paix, jusqu’au dénouement dramatique – forcément dramatique – de cette tragédie moderne à laquelle il est impossible de ne pas s’identifier, fût-on lecteur et non lectrice. D’autant qu’aucun filtre, aucune mise à distance n’est opérée dans cette narration serrée, au plus près de son sujet.
Vous l’aurez compris, L’amour et les forêts est un véritable choc littéraire, un roman majeur, de ceux qui marquent durablement la bibliographie d’un auteur et la mémoire de ses lecteurs. Accessoirement, il s’agit surtout du plus beau roman de la rentrée, et de loin !
Gallimard – 368 page