L’auteur, qui n’est pas qu’écrivain mais occupe également la fonction d’avocat honoraire, est connu pour une grande fresque, Rhapsodie italienne.
Auteur prolifique, il a aussi reçu le Grand Prix de la littérature policière.
L’annonce faite à Goering est avant tout une fresque, haletante et belle, qui traverse la Seconde guerre mondiale, en France, en Italie et en Allemagne.
Il y a quelque chose d’extrêmement fort dans cet ouvrage, qui nous entraîne au gré des vies qui se croisent : les gens qui s’aiment, ceux qui n’aiment pas ou n’aiment rien et profitent de tout. Les calmes et les brutaux (comme les terribles gestapistes français de la rue Lauriston). Sans oublier ceux qui meurent trop tôt. Il y a la peur et l’incrédulité, le cynisme et la volonté, la vie qui continue envers et contre tout.
Le personnage principal, c’est Werner, étudiant allemand en histoire de l’art à Paris, spécialiste des faux en peinture. Werner deviendra militaire, gagnera des galons vaillamment et s’accrochera coûte que coûte à la vie.
Son amour parisien, Claire, est juive mais Werner fait tout pour les aider, elle et ses parents marchands d’art qui ne peuvent croire qu’ils sont mis au ban de la société.
D’autres personnages gravitent autour du jeune homme : sa sœur, Hildi, l’amant de cette dernière, et Lisbeth. Ils semblent toutefois un peu trop nombreux et, de Galeazzo à Edda en passant par Ornella et Van Meegeren, on s’y perd réellement.
Mais l’histoire nous emporte quand-même, surtout que l’auteur a une vraie connaissance des sinistres protagonistes de l’époque et de leurs univers ainsi que de leurs traits de caractère, particulièrement en ce qui concerne Goering, Luchaire et Goebbels.
Leur entourage n’est pas non plus épargné.
Le tout est narré de manière alerte, précise, d’une écriture fluide. On s’y laisse prendre dès la première page, avec un sentiment de tristesse à la fin, comme un abandon. Une belle histoire.
Paru le 31 mai 2023
Éditions Albin Michel
380 pages / 22,90 €