Des emprunts au jazz, une ambiance noctambule, il y a plein de bonnes choses dans le premier disque du rappeur east coast. Très spécial.
Il vient de Brooklyn. Il devrait nous jouer le jeu du Wu Tang Clan ou déconner comme les Beastie Boys, mais le jeune Kirk Knight récite les évidences du rap avec sa propre idée du rap. C’est une révolution. Faudra revenir pour entendre le gros beat et le gros flow qui fait mal comme tirs en pleine rue.
Kirk Knight parle bien entendu de la rue. Sa violence. Sa beauté. Ses fleurs de bitume et ses rois de la descente aux enfers. Son disque est un bulletin d’information. Un état des lieux. Il ne laisse pas indifférent car le jeune homme voit les choses différemment.
Copain du rappeur Joey Bada$$, Kirk Knight sait utiliser un ton martial mais il peut aussi nuancer son rap avec une musicalité assez rare dans le genre. Plein d’invités, il y a dans son disque mais le disque file à toute vitesse à travers ce rap urbain, sombre mais jamais nihiliste. Car musique offre du plaisir. Dans ses boucles et ses beats, Kirk Knght se révèle être un habile producteur aux arrangements astucieux, rappelant le meilleur de MF Doom ou Madlib.
Il y a une mélancolie jazzy extrêmement harmonieuse sur tout l’ensemble de l’effort. Il joue les badboys mais pas que! Le rappeur est un vrai metteur en scène. Le bonhomme observe avec un recul artistique son district, son quotidien et surtout ses contemporains.
Finalement ses états d’âme nous emmènent sur des morceaux hétéroclites mais en même temps cohérents, les uns avec les autres. On pourrait envisager une version moderne de Mean Streets de Scorsese. Ca cogne fort mais il y a des valeurs. Ce type là ne joue pas un rôle. Son ambition impressionne et ce disque est un bijou noir comme on en voit peu.
Cinematic – 2015