Cinéma

Le cas Richard Jewell, Clint Eastwood

Richard Jewell est un loser même pas magnifique, un gros nounours trentenaire célibataire qui vit encore chez maman, qui aurait rêvé d’être flic et qui collectionne les armes.

Viré de la police municipale et même de son poste de vigile, il se retrouve agent de sécurité aux Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996. C’est alors qu’il découvre un sac piégé sous un banc et permet ainsi d’éviter un massacre.

Malheureusement pour notre héros, un enquêteur du FBI s’acoquine avec une journaliste impitoyable pour gâcher son heure de gloire et le transformer en suspect numéro 1. La vie du pauvre Richard Jewel bascule alors dans un cauchemar médiatique qu’il lui faudra affronter avec l’aide d’un avocat aussi raté que lui et qui fut jadis son camarade de jeux vidéos.

Papy Eastwood saborde totalement cette histoire vraie, et assez géniale, qui aurait pu (qui aurait dû !) donner un très grand film. Certes, il est agréable de voir des scènes à l’ancienne, avec des vrais figurants (plutôt que des foules reconstituées par ordinateur) ; mais quelle lourdeur dans la réalisation !

L’image est très laide : les décors et les couleurs sont d’une pâleur dignes d’un mauvais feuilleton télé. La scène de l’attentat est un modèle de ringardise : ralentis appuyés, caméra subjective, gros plans pathétiques sur la mère et la fille qui mourront justement au moment où elles allaient partir etc.

Lorsqu’il veut nous tirer des larmes, ce bon vieux Clint utilise systématiquement la bonne vieille technique du gros plan progressif sur le visage, accompagné d’une douce petite musique émouvante (trois notes jouées à deux doigts au piano et puis envoyez les violons!).

Voilà pour la forme. Mais que dire du fond, si ce n’est qu’on le touche ?

Le vétéran du cinéma se borne à étirer sur plus de deux heures des scènes creuses et qui sonnent faux. Il n’approfondit pas son sujet et ne propose ni psychologie du personnage, ni réflexion sur la mécanique de l’emballement médiatique, ni rien. Juste le spectacle d’un pauvre beauf gentil et naïf qui est manipulé par un flic méchant et roublard. C’est trop injuste, comme dirait Caliméro.

Après le dérangeant mais quand-même moins raté American Sniper, Clint Eastwood continue de distiller aussi subtilement qu’il le peut son discours Républicain et pro-armes à feu : les fonctionnaires sont trop nombreux (police municipale, gardiens du parc où a eu lieu l’attentat et autre FBI se disputent la compétence du crime et semblent tous aussi nuls les uns que les autres), avoir des armes à feu (et même des armes de guerre) ce n’est rien tant qu’on est du côté des gentils, les femmes sont fourbes et les médias sont vraiment rien que des menteurs (Fake news!).

Pour nous résumer, ce Richard Jewell tient plus du navet que du joyau !

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