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Le pas du Renard

izner

Adieu Victor Legris, bye-bye la fin du XXe siècle à Paris. Cette fois, Claude Izner situe les aventures de ses personnages dans la capitale à l‘époque des Années folles. Le héros n’est plus un libraire mais un jeune pianiste américain. Une nouvelle histoire menée de main de maître par les deux sœurs.

Après douze tomes des aventures de Victor Legris et de ses associés, Joseph Pignot et Kenji Mori, après avoir souri de la gouaille d’Euphrosine et imaginé la sensualité de Tasha, nous voici dans un tout autre univers. On est en 1921, la Grande Guerre est passée par là. Au gré de leur récit, les auteurs distillent quelques informations qui sont comme des images de cette période, des soldats étrangers désœuvrés à Musidora et Louis Feuillade.

Paris en 1921, c’est la ville des artistes américains exilés à Montparnasse pour fuir la montée de la morale et de l’autoritarisme dans leur pays. Mais ne vous attendez pas  à y trouver à chaque page Hemingway, Fitzgerald et les autres. Ici, on est dans le Paris populaire, avec les petites gens qui font pourtant parfois les grandes histoires. Les caissières de cinéma, les entraineuses de bordels sordides, les ouvriers, les peintres du dimanche sont dans tous les chapitres. Les maquerelles sont décaties, les musiciens fauchés et c’est dans cette ambiance qu’apparaît le nouveau héros de Laurence et Liliane, Jeremy Nelson. Il est seul, jeune et sans argent. Malgré son talent, il joue dans un cabaret miteux de Belleville pour pouvoir manger. Son autre but ? Retrouver ses origines, savoir enfin d’où il vient. Mais cette quête va déclencher une avalanche d’événements, des révélations, des disparitions et des retours en arrière étonnants.

Au gré de ce livre, on se pose mille questions, on sourit parfois de quelques clins d’œil, en s’imaginant musarder les mains dans les poches aux côtés d’Henry Miller, pas mal fauché aussi à l’époque. En fredonnant du Cole Porter, ou encore Take me the land of jazz .

En effet, l’atmosphère de l’époque est tellement bien décrite qu’on s’y croirait, tant le choc des années précédentes, la misère que les affres de la guerre a laissée, mais aussi le besoin de s’étourdir sont présents à chaque ligne ou presque. Comme dans leurs livres précédents, le talent des deux sœurs est tel qu’on « voit » littéralement les personnages. En fermant les yeux, on visualise bien Jeremy, Marie, Rince-Mirettes ou Doxie. Ils nous deviennent très vite familiers grâce à la maitrise de la description mais aussi à l’écriture, tout à la fois dense et fluide. On n’a qu’une envie : lire la suite.

Éditions 10-18, 335 pages

 

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