Eté au Japon. La tragédie d’Hiroshima évoquée avec force et émotion. Par les temps qui courent, ce manga fait un drôle d’effet. Poignant
On le sait depuis le film Le tombeau des Lucioles: les artistes japonais n’ont pas peur de la mélancolie. Ils transcendent généralement le cliché et leur rapport à l’histoire est nettement plus trouble que notre bonne vieille nostalgie du « c’était mieux avant »!
Avant, le Japon est un pays meurtri. Le nationalisme exacerbé lui a couté une guerre. La bombe atomique a laissé une trace indélébile dans l’inconscient collectif. Fumiyo Kouno, dessinatrice, pose un regard d’une tendresse sans égal sur les survivants et les victimes de cette sale guerre.
Pas de grandiloquence. Juste une petite histoire. Un personnage simple et très vivant. Il décrit une existence paisible avec un trait léger et délicat. On se sent bien dans sa bande dessinée en apparence anodine. Et pourtant…
Kouno frappe fort en 97 pages. Elle nous touche sans effort. Elle dessine admirablement l’avant et l’après Hiroshima. Elle traduit l’espoir et la résignation des habitants de la ville. La vie est cruelle mais l’espérance permet de survivre. La poésie transperce certaines planches.
Elle suit le destin d’Hirano et nous révèle toute la tragédie japonaise. Cela fait tout drôle lorsque des éléments violents apparaissent dans ce manga qui joue sur une fausse candeur avec une habileté sans cynisme.
C’est un vrai coup de poing que l’on se prend. L’actualité trouve évidemment un écho certain à ce drame dessiné. Mais au delà de cette triste coïncidence, Le Pays des Cerisiers est une totale réussite, un souvenir de lecture certain et un témoignage sublime.
Kana – 97 pages