Que dire d’un spectacle que toute la salle a adoré, sauf moi ? Après m’être creusé la tête, j’ai trouvé une solution : comme c’est les soldes, je vais vous proposer deux chroniques pour le prix d’une !
La chronique (enthousiaste) de mon voisin
Ma copine et moi avons beaucoup aimé ce spectacle drôle et sensible. C’est pop, vivant et inspirant. Un délice ! 😉
La mise en scène est simple mais efficace : pas de décor, un tabouret, une craie blanche et un vêtement pour seuls accessoires, avec un très beau passage où le comédien est littéralement en apesanteur (au moment de son premier baiser, à un âge où ses copains ne sont plus puceaux depuis longtemps).
Mais ce qui nous a vraiment plu, c’est le talent de comédien de Mickaël Délis : pendant une heure et quart, il incarne avec énergie et brio toute une série de personnages, à commencer par sa mère, une sacrée bonne femme avec son franc-parler. Lorsqu’il lui demande comment son père avait attrapé la gale, elle lui répond : « Avec sa bite ! ». Trop drôle !
« Tu racontes bien les histoires, Maman.
– C’est parce que je parle librement ! »
Dans ce spectacle, le comédien rejoue les dialogues qui ont marqué sa vie et sa construction en tant qu’homme jugé pas assez viril. Ah, ces poils qui tardent à pousser, cette voix qui ne veut pas muer, et ces copines qui préfèrent qu’ils restent amis. Le texte est intelligent mais surtout très drôle. On n’est pas là pour se prendre la tête mais pour se marrer un bon coup. Mon moment préféré, c’est quand sa mère lui dit : « On fait ce qu’on veut de son trou de balle, mais il est interdit de calomnier celui des autres ! »
Le public adore et finit en standing ovation. On en redemande, et ça tombe bien, car Le premier sexe ou l’arnaque de la virilité n’est que le premier volet d’une trilogie à venir. On a vraiment hâte de voir la suite !Ma critique (nettement plus mesurée)
Avertissement : ce que je vais dire ci-après n’enlève rien aux qualités indéniables du spectacle telles que vantées par mon voisin.
Au tout début du spectacle, alors que la salle est encore plongée dans l’obscurité, on entend la voix de Mickaël Délis depuis les coulisses. Il nous annonce être coincé dans sa loge à cause d’une méchante diarrhée. Puis il explique que déjouer le piège de la virilité commence peut-être par ça : exprimer ses faiblesses et avouer qu’on se « chie dessus ». Il ajoute quelque chose du genre : « Alors là, vous vous dites : ah ouais d’accord, le mec cite Simone de Beauvoir sur son flyer et il nous parle de ses coliques. »
En ce qui me concerne, le spectacle aurait presque pu s’arrêter là car tout était dit.
Je dois dire que le titre à rallonge m’a induit en erreur. Je m’attendais à un spectacle érudit sur le genre, la masculinité et la domination, et j’ai vu une sorte de stand-up ou de remake de Les garçons, Guillaume à table ! En gros, Mickaël Délis ne parle que de lui, lui et encore lui, et aussi de sa mère et de son psy lacanien, se demandant s’il doit forcément être homo, puisqu’il n’est pas viril. Il livre des anecdotes personnelles qui ont un petit goût de déjà-vu. Il joue, surjoue et cabotine, pour le plus grand plaisir du public qui rit généreusement et ne peut s’empêcher d’applaudir entre les chapitres. L’auteur-comédien aime les dialogues où il joue les deux interlocuteurs, et surtout sa mère.
Franchement, j’ai trouvé ça sympathique mais un peu léger. J’ai ri parfois (j’ai un cœur, n’allez pas croire…) mais globalement, ce n’est pas mon truc.
Du 15 janvier au 30 mars 2025
La Piccola Strada
1H15 – de 15€ à 28€
De Mickaël Délis
Mise en scène Mickaël Délis et Vladimir Perrin
Avec Mickaël Délis
Collaboration artistique Elisa Erka, Clément Le Disquay et Élise Roth
Collaboration à l’écriture Chloé Larouchi
Lumières Jago Axworthy