Bon. Nous sommes en vacances. On est parmi la masse de personnes qui ne veulent plus rien faire pendant trois semaines minimum. On veut bien faire un effort pour la fête du village, la brocante des gentianes ou la vente de vêtements en laine de lama. Moi, j’avoue beaucoup aimé le petit stand de dégustation d’escargots !
Quand on en est là généralement, cela veut dire que la tête est enfin bien aérée ! En fait, cela fait du bien de papoter de menus problèmes avec des gens que l’on ne connait que depuis quelques instants parce que l’on reluquait ensemble cette compotine d’escargots au pesto !
Souvent on se dit c’est si simple. Le plaisir d’un échange sans fioriture. L’humilité, ce n’est pas si mal. Je pense que je pourrais partager quelques gastéropodes avec Nils Lofgren. Il faut dire que le musicien a toujours été à l’ombre des géants et chez lui, le succès a surtout renforcé sa discrétion. Et son talent !
Complice de Neil Young, mais aussi de Bruce Springsteen, Nils Lofgren a aussi réalisé pas mal d’albums et, toujours, avec une solide conviction d’un folk rock boisé et très classique. Ce qui n’est pas forcément un mal. Autour de sa petite dégustation de rock, on reconnait des têtes comme Ringo Starr, Ron Carter ou le regretté David Crosby. Et bien entendu le Loner.
Ça n’empêche pas ses propres compositions d’exister. En effet l’air de la montagne inspire le chanteur, ravi de continuer un rock flamboyant et pourtant presque timide. Pour la surprise, il faudra repasser. Pour le plaisir, installez vous à sa table et appréciez la sagesse tranquille d’un fin gourmet de la guitare.
A mon stand d’escargots à déguster sous toutes ses formes, vous trouverez aussi la nymphette qui va attraper la bête du bout des doigts. Elle aura peut être le charme de Julie Byrne, nouvelle sensation de la folk pour médias en mal de Lana del Rey.
C’est en fait une petite nana du terroir mais elle a aussi tout compris des réseaux sociaux. Moderne et folklorique en même temps. Elle plaira facilement à tout le monde avec une voix claire mais androgyne.
En allant chercher le producteur de Sigur Ros, la jeune femme soigne l’ambiance et l’idée d’expérience. Effectivement il y a du violon qui berce et un ton qui fait réfléchir mais tout ça dans une ambiance estivale quasi mélancolique.
The Greater Wings sort au bon moment. La tristesse devient mélodique et les arrangements sont beaucoup plus rafraîchissants que le spleen apparent. Julie Byrne a tout de l’amour d’été. Mais ce n’est pas gagné avec une haleine d’escargots à l’ail !
Ok, ça ne dérangera pas les Grenoblois de Faut que ça guinche. Ils animeront certainement la fête du village mais en attendant, ils ne seront pas contre une pincée de beurre d’escargots persillés pour faire passer le goût de la bière brassée à la langue de chèvre…
Avec eux, le bon goût est catapulté tout en haut d’une montagne. La nymphette sera draguée lourdement et un clin d’œil complice fera taire le vieux sage qui a connu les plus grands. Avec un culot de punk, les amis de Faut que ça guinche grattent l’amitié avec la délicatesse d’un mec bourré mais aussi le talent de musiciens ouverts sur le Monde.
Version alpine de Marcel et son Orchestre, les six zouaves savent faire tourner le sens du vent en leur faveur : leur musique est festive mais cache pas mal de nuances qui apparaissent au fil des écoutes.
Les bourrins ont toujours une conscience et l’énergie du groupe gagne les cœurs. Il y a une espèce de candeur juvénile dans leurs titres enjoués. Ça milite avec un sens du partage assez rassurant. Ça fait les cons avec une complicité qui fait tellement du bien à entendre.
Ils mettent une ambiance incroyable et surtout amusent à choquer le bourgeois avec une vieille formule qui conserve son charme et un humour vachard. Ils ont peut être saccagés mon stand d’escargots mais ils ont le mérite de nous réveiller de cette torpeur estivale !
Nils Lofgren – Mountains
Julie Byrne – The Greater Wings
Faut que ca Guinche – 6e Sens