C’est une histoire d’étapes. C’est le problème du livre. Le chemin de Compostelle est découpé en plusieurs et périlleuses étapes. L’écueil d’un tel récit c’est de ne pas trop se répéter. Le roman de Manon Moreau débute assez mal, en racontant la vie de quelques pèlerins qui portent tous leurs problèmes dans leur sac!
Bizarrement, on s’ennuie car les marcheurs sont un peu trop stéréotypés entre un type qui marche pour fuir, un autre qui trotte après un sens à sa vie, une femme mal dans sa peau ou des étrangers exotiques. Manon Moreau est visiblement une sentimentale. A chaque lieu de repos, les personnages se rencontrent et c’est un peu long…
Finalement on va s’attacher à cette petite bande de types qui ont des choses à régler avec eux mêmes. La mise en place souffre de répétition. Ce pourrait être un scénario idéal pour un genre bien de chez nous au cinéma: le film choral.
C’est chaleureux. Très humain. Parfois touchant. Hélas c’est sans surprise dans la structure. Ca parle de kilomètres avalés, pourtant on a bel et bien quelques distances d’avance sur les événements qui vont marquer la longue marche de cette bande mal fagotée et sympathique.
C’est prévisible. L’écriture est tendre mais si le cynisme s’efface sur le célèbre Camino, le style est un peu béni oui-oui. On s’en veut un peu de ne pas s’abandonner à ce défilé d’âmes perdues qui se retrouvent, s’apprécient et s’aiment. On aime l’humanisme de la romancière. Mais c’est un peu trop mignon. Les bleus de l’âme sont trop mis en avant. On regrette presque une plus grande description des ampoules et des douleurs plus physiques. Mais la mission de l’écrivain est remplie: on a bien envie de partir loin de tout, les emmerdes, les soucis, le boulot et tout ce qui nous éloigne de la spiritualité ou de l’amour de son prochain.
Pocket – 473 pages