Sous la plume de Jean-François Parot naît un nouvel enquêteur dans le Paris de Louis XV, Nicolas Le Floch. Chaussez vos lunettes, amoureux de la langue du XVIIIe, vous allez vous délecter !
Premier roman d’une série policière, L’énigme des Blancs-Manteaux donne naissance à Nicolas Le Floch, un jeune plébéien du pays guérandais. Recommandé par le Marquis de Ranreuil et le Chanoine qui l’a élevé, Nicolas pose ses valises à Paris pour être employé par le lieutenant général de police de Sartine, également chef des affaires secrètes auprès du roi. Fraîchement arrivé dans la capitale, de Sartine le fait loger chez le commissaire Lardin, rue des Blancs Manteaux.
Sartine entend par l’entremise de Nicolas en savoir un peu plus sur les usages de Lardin qui côtoie d’étranges personnes réputées pour avoir des liens avec le milieu criminel. Lardin est suspecté par ailleurs d’être lié à la disparition de lettres diplomatiquement compromettantes pour le souverain. Mais voilà que Lardin disparaît subitement, qu’un cadavre est découvert à l’équarrissage de Montfaucon, et que le valet du chirurgien Semacgus ne donne plus signe de vie…
Nicolas, chargé d’enquêter sur ses événements et de faire ses preuves devant l’étrange confiance qui lui est faite, va devoir rencontrer dans un cadre carnavalesque des habitants aux passions et aux mœurs pour le moins surprenantes. Pour cela, il va se faire épauler de Bourdeau, inspecteur de police, de mouches et de mouchards ainsi que de personnages historiques comme le célèbre bourreau Sanson, employé à la Basse-Geôle…
Historien de formation, Jean-François Parot a le souci du détail et de la vérité historique, les nombreuses notes présentes tout au long du récit avec les sources en témoignent largement. En « humble chroniqueur des aventures de Nicolas Le Floch », Jean-François Parot inonde l’enquête de scrupuleuses descriptions du Paris du XVIIIe siècle qui donnent au livre un degré de vraisemblance tout à fait remarquable. L’entreprise est d’autant plus intéressante qu’un vrai travail d’écriture est réalisé, empruntant un lexique et des expressions propres au siècle des lumières qui reflètent un réel amour de la langue et de son histoire. S’appuyant sur des ouvrages de l’époque, le plus étonnant est sans doute la description faite par Jean-François Parot des mets consommés par les personnages ou encore la description de la terrible scène de torture faite par Sanson, sueurs froides garanties…
Alors, même si scénaristiquement, quelques maladresses existent sur la description un peu trop insistante de ficelles qui serviront au dénouement final, ce livre mérite une attention toute particulière par son érudition et son choix délibérément historique. La finesse et la qualité de l’écriture l’emportent largement sur les déficiences techniques de compositions, souvent présentes quant il s’agit de présenter de nombreux personnages, une époque et un réseau relationnel complexe. Les dialogues prennent souvent l’apparence de joutes verbales délicieuses d’ironie. Un très bon polar historique. A lire sans hésiter.