Une incroyable épopée au cœur de la misère. La flamboyance est spectaculaire et nous entraine dans une tempête des mots qui donne le tournis. Vent de folie!
Ca se passe en Argentine. Erdosain est un minable employé accusé d’être un voleur par ses patrons. Le même jour, il voit sa femme se barrer. Il devrait être au fond du trou mais il a d’étranges fréquentations qui vont lui redonner espoir.
Il est proche de l’Astrologue, un vieux monsieur qui a un projet secret qu’ils imaginent grandiose. Cela ressemble effectivement à de la folie. Le livre date de 1929. Roberto Arlt, son auteur, a défié les conventions de l’époque en observant avec une liberté totale les bas fonds de Buenos Aires.
Autour de ce héros médiocre vont se bousculer d’étonnantes ombres, parfois grotesques, souvent inquiétantes. Ils ont des noms bizarres comme le Major, le Ruffian Mélancolique ou L’homme qui a vu l’accoucheuse.
Ils sont sept et vont rêver de créer une société secrète sur le modèle du Klu Klux Klan. Elle serait financée par des maisons closes. Elle leur permettrait de prendre une revanche sur la société et surtout réaliser leurs rêves frustrés.
Ces hommes sont des dingues et le texte se nourrit de cette folie, de cette hargne. Les phrases sont longues et glissent sur les névroses de chacun. Très vite, la réalité décolle de la déchéance et la pouillerie.
Le lyrisme transcende le malheur et la méchanceté. Les convenances sont bousculése. Les sept fous adopte tous les styles et tous les langages. Le travail de traduction fut redoutable. Les traducteurs offre une introduction qui explique la particularité de l’écriture de Roberto Arlt, qui lui aussi ne fut pas gâter dans sa vie.
C’est un texte énervé mais terriblement vivant, une sorte de tango verbal obsédant et délirant. La décadence se donne des allures de grandeur. C’est aussi exotique qu’incandescent. Moderne, ce livre est aussi irracontable que jouissif. On finit lessiver mais heureux. La folie chatouille le romantisme et l’écriture surréalisme. C’est tout simplement beau… et fou bien évidemment !
le film adaptation des années 60:
Belfond – 371 pages