Début 1945 à Berlin. Hitler tient bon malgré l’attentat perpétré contre lui en juillet 1944. Mais l’homme a vieilli et ses proches devinent que la guerre est perdue. La plupart décident de partir, pendant que les habitants tentent de survivre. Car Berlin souffre de toutes parts. La ville est attaquée, bombardée par les Alliés, les immeubles s’effondrent et les rues sont impraticables. Mais il reste encore un certain nombre de nazis qui ne veulent pas croire à la fin du IIIe Reich et continuent à pourchasser les Juifs. Même en mars 1945, lorsque les troupes alliées entrent en Allemagne.
Richard Oppenheimer, ancien commissaire de police juif, se cache dans cette ville dévastée, loin de sa femme aryenne, sous un faux nom. Hilde, médecin et opposante au régime, l’aide comme elle peut.
Jusqu’au jour où elle est accusée d’avoir assassiné son ex-mari, un médecin SS qui aurait pratiqué d’horribles expériences sur des êtres humains à Auschwitz.
Oppenheimer est persuadé de son innocence. Il a trouvé une étrange épingle qui pourrait être liée à l’affaire. Cette quête éperdue d’un personnage qui se sait traqué, mais reste courageux et humble à la fois, a quelque chose de puissant. Et pourtant, Oppenheimer est comme tant d’autres à l’époque. Il se cache, il a faim, il est très fatigué et craint pour sa vie. Il se méfie des autres et a appris à parler avec précaution.
Le style d’Harald Gilbers est fluide, les descriptions si subtiles et précises qu’on vit littéralement ce récit. Les abris anti-aériens paraissent réels : escaliers, odeurs de terre, odeurs de peur, le temps qui passe si lentement. L’angoisse et l’impatience de ceux qui s’y cachent est palpable. Les voyous bien nourris et magouilleurs ? On les voit. Et combien de portraits de ce genre a-t-on pu lire en France, quelques années après l’Occupation ?
Certains repères – le vélo d’Oppenheimer, les autres amis d’Hilde – permettent de s’imprégner encore davantage de l’histoire. Seule faiblesse : la description de la secte fanatique, qui manque d’épaisseur. On n’y croit pas. Mais tout le reste nous emporte.
Les fils d’Odin, Harald Gilbers, éditions 10/18, 540 pages