Du juste équilibre et de l’art de cultiver le patrimoine circassien
La 48e création de la Compagnie Gruss reprend après des interruptions liées à la dernière crise sanitaire. L’occasion de retrouver l’ensemble de la Compagnie Gruss dans un spectacle qui cultive la tradition équestre dans un cadre familial émouvant.
En reprenant Les Folies, clin d’œil aux divertissements les plus distingués du Paris de la Belle Epoque au XIXe siècle, la compagnie installe le spectateur dans une ambiance bleue feutrée et argent très réussie, très classe et ce, dès l’antichambre du cirque par laquelle entre le spectateur. Ce lieu est l’occasion d’accueillir ce dernier en musique avec un numéro de cerceau aérien, et de lui faire rencontrer les artistes à la sortie afin de prendre quelques photos et d’échanger quelques mots.
Le cirque n’est plus uniquement construit comme un espace de découverte de numéros qui se succèdent les uns après les autres mais comme un lieu vivant et festif. Le spectacle n’est qu’un moment de la soirée ou de l’après-midi. Le spectateur est invité à profiter du lieu, de son ambiance autant que du spectacle. Caresser les chevaux à l’entrée, déjeuner sur place, prendre un café en musique, finir sa soirée en dansant, sont autant activités complémentaires qui donnent un tout autre caractère au lieu et donnent tout simplement l’envie d’y rester. « Ici les artistes sont vos hôtes » n’est pas qu’un slogan.
Fondé sur des spécialités équestres et aériennes, le spectacle joue à la fois sur le savoir-faire d’une tradition qui compte maintenant six générations d’artistes et sur un modèle familial réuni autour du célèbre Alexis Gruss qui introduit le spectacle avec sa petite fille dans un dialogue émouvant digne du Petit Prince. Celui-ci lui rappelle ainsi sa « définition de l’Art : du travail jusqu’à ce qu’on ne voit plus le travail. »
L’ensemble des 15 tableaux, rythmé par des chants de Candice Parise et un orchestre musical efficace, fait son effet. Les enfants riront aux clowneries d’un Tony Florees énigmatique, retiendront leur souffle avec leurs parents devant la fil-de-fériste Maud Gruss et la haute-voltige équestre époustouflante du tableau final. Ils pousseront des cris d’étonnement devant l’Envol poétique des trois sylphides durant lequel trois danseuses aériennes contemporaines rejoignent par les airs leurs trois cavaliers. Ils observeront avec attention ce spectacle plein d’humanité réunissant plusieurs générations. L’émotion est là.
La proximité avec les artistes, leurs prises de risques permanentes, l’énergie non-stop déployée, leur sincérité, la perception physique du souffle et de la puissance des chevaux, l’accompagnement musical, font de ces Folies Gruss un moment de vibrations unique plein d’humanité.
Le spectacle est à découvrir jusqu’au 6 mars 2022 à Paris.