Aucune apparente fourberie dans la mise en scène de Denis Podalydès servie par la scénographie d’Eric Ruf. Sous leur direction, la pièce retrouve l’apparente simplicité recherchée par Molière lors de la création. Ici, point d’artifices démonstratifs, ou si peu. Tout s’efface pour mieux servir le jeu des acteurs.
Le décor, jouant plus sur la hauteur que la profondeur du plateau, campe les quais d’un port qu’on sait être celui d’un Naples révolu. Par ce jeu de hauteur et d’absence de profondeur, habilement, tout nous est mis sous le nez. Quand Scapin surgit nu d’une trappe, tel un personnage arrivant des enfers, les autres personnages, recouverts de parures en tout genres, descendent un escalier pour rejoindre le plateau, comme descendus du ciel. On peut y lire une subtile allégorie des jeux de pouvoir et de classes sociales. On peut aussi y voir un Scapin terrestre et matériel, quand tous les autres sont « perchés ». Un Scapin à même de se jouer de la comédie humaine.
Tout ici se joue du classicisme et de son subtil détournement pour servir au mieux le texte et ses interprètes.
Les acteurs jubilent pour notre plus grand plaisir. Le « divin génie » de Scapin nous réjouit et nous nous délectons des légendaires scènes de face à face.
Un grand moment de redécouverte du patrimoine théâtral parfaitement à sa place dans la Comédie française.
Les Fourberies de Scapin
Jusqu’au 19 mars 2019
A la Comédie Française
Molière, mise en scène de Denis Podalydès
Scénographie : Éric Ruf
Costumes : Christian Lacroix
Lumières : Stéphanie Daniel
Son : Bernard Valléry
Maquillages : Véronique Soulier-Nguyen
Collaboration artistique et chorégraphique : Leslie Menu
Assistanat à la mise en scène : Alison Hornus
Assistanat à la scénographie : Dominique Schmitt
Bakary Sangaré, Gilles David, Claire de la Rüe du Can, Benjamin Lavernhe, Elise Lhommeau, Julien Frison, Didier Sandre, Gaël Kamilindi, Pauline Chabrol, Léa Schweitzer