Le biopic bien carré sur ce politicien tout rond et tout bougon qu’était Winston Churchill! Joe Wright possède tout le flegme britannique pour venir à bout de ce périlleux projet.
Le réalisateur Joe Wright défend toute la culture anglaise qui s’exporte si bien au cinéma. Il a commencé avec Jane Austen (en 2005 avec Orgueil et Préjugés) puis a poursuivi avec des films typiquement british. Lorsqu’il s’essaie à autre chose, il est franchement maladroit ( sa version de Peter Pan et le polar Hanna). Il revient donc aux basiques en s’intéressant au plus célèbre des Premiers Ministres du Royaume Uni, Winston Churchill!
Un exercice difficile tant le personnage relève de l’icone identitaire! Mais Wright retrouve ses réflexes d’habile faiseur et limite son évocation aux premiers jours au pouvoir de Churchill, lorsque la guerre frappe de plein fouet l’armée britannique. Ce dernier est bien coincé entre la violence des nazis qui envahissent plusieurs pays en même temps et les petites combines politiques qui deviennent de nombreux pièges.
La politique et son isolement. Les arcanes du pouvoir comme un sous sol de la démocratie où tout n’est pas beau à voir et à entendre. Le film nous promène dans les palaces royaux et les cabinets de guerre. Il nous fait partager le quotidien d’un homme porté sur la bouteille et l’humour. Un père de famille absent. Un homme politique redoutable. Pourtant il est incroyable car il a des doutes et des imperfections comme le souligne sa femme campée par une épatante Kristin Scott Thomas.
Il faut bien des comédiens exceptionnels pour faire face à un Gary Oldman, qui dépasse l’imitation de l’homme politique. On oublie le maquillage et on devine les failles de cette légende de la politique anglaise. Oldman est truculent: il était fait pour ce rôle hors norme.
On aurait aimé un film hors norme aussi. Cela reste du bel ouvrage avec quelques belles idées de cinéma. C’est un peu long mais le devoir historique du film est respectable et un film sur le courage politique, n’est pas inutile à une époque où le cynisme régne.
Avec Gary Oldman, Kristin Scott Thomas, Stephen Dillane et Lily James – universal – 3 janvier 2018 – 2h08