Noir c’est noir. Gillian Flynn s’impose comme l’écrivain majeur aux personnages fracassés.
Avec Les lieux sombres, son second roman, paru aux Editions Sonatine, Gillian Flynn allie un roman noir à la structure et au suspense sans faille à une profondeur de champ et une richesse thématique immense. Ou pour le dire plus simplement : on peut lire ce roman sans s’arrêter, on peut aussi se rendre compte que Gillian Flynn est une grande romancière qui bâtit une œuvre d’une réelle densité .
Lire Les lieux sombres, c’est accepter de plonger en apnée dans des atmosphères glauques et irrespirables. Alors, retenez votre souffle !
Libby Day est la seule rescapée d’une série de meurtres dont son frère a été reconnu coupable. Dans la nuit du 2 janvier 1985, sa mère et ses trois sœurs ont été assassinées. Libby avait sept ans. Elle en a réchappé par miracle mais a été amputée de plusieurs doigts qui ont gelé.
Peut-on réchapper d’un tel enfer ? Libby est devenue une adulte asociale. Quelqu’un mu par l’égoïsme et la conservation de son propre intérêt ; la preuve vivante qu’on peut survivre à une tragédie et ne pas se sentir transcendé. Un livre a été écrit sur ce qui est arrivé à Libby et les dividendes lui ont permis d’être à l’abri du besoin. Mais son banquier lui indique que ses ressources se sont taries.
C’est la raison pour laquelle elle répond au Kill Club, un club de personnes passionnées par les meurtres violents et qui est convaincu de l’innocence de son frère. De fil en aiguille, Libby va être obligée de faire ce qu’elle redoute le plus : se retourner sur son passé et sur cette nuit de 1985.
C’est peu dire que Gillian Flynn nous plonge – avec maestria – dans un univers sombre et dénué du moindre espoir , un monde peuplé de monstres, où les plus effrayants ne sont jamais ceux auxquels on pense.
Portrait au vitriol d’une Amérique peuplée d’êtres bornés, malsains et/ou malfaisants, cherchant la fuite dans les paradis artificiels. Une Amérique aux villes gangrénées par le chômage, où les agriculteurs se retrouvent le couteau sous la gorge.
Le précédent roman de Gillian Flynn faisait déjà preuve de maestria. Celui-çi nous secoue encore, longtemps après qu’on en ait terminé la lecture.
512 pages – Livre de Poche