« L’Homme est bon. Sauf des fois, sauf des fois. L’Homme est beau. Sauf des fois. »
Christophe Alévêque est impitoyable. Il entame en début de spectacle une revue de presse du pire, égrenant comme un chapelet des faits d’hiver tous plus sordides les uns que les autres, et les agrémentant de commentaires émétiques. Il ponctue le récit de parents qui prostituent leurs enfants et les font participer à des films pornos, par un horrible « Pour une fois que les enfants servent à quelque chose. » !
Il fustige le politiquement correct, qui interdit d’aller aux putes, mais pas d’en être une (à propos de Bernard Kouchner). Il tape à droite (« Hortefeux, le seul ministre de la Vème République condamné pour injure raciale, mais qui n’a pas encore démissionné. L’exception culturelle française ») et à gauche (« La Tunisie est un exemple, elle prouve que sans parti d’opposition, on peut se débarrasser d’un Président. Nous, en France, le problème, c’est qu’on a un parti d’opposition »).
Alévêque tente vaillamment d’échapper au piège qui consisterait à taper sur Sarkozy, cible trop facile mais inévitable des humoristes. Il ne pourra pas s’en empêcher et ne résistera pas au plaisir de glisser quelques peaux de bananes sous les talonnettes présidentielles.
Fin 2009, Alévêque nous avait régalés avec une excellente revue de presse à la fin de son spectacle Christophe Alévêque est Super-Rebelle.
Il renouvelle l’expérience cette année avec un enthousiasme émoussé. Christophe Alévêque hésite sur son texte. S’il sait où il veut en venir, il a du mal à nous mener jusqu’à la chute, si bien qu’il ponctue sa revue de presse de dizaines de « Bon », « Euh… Euh… », et autres « Bon ben », assez déplaisants.
Certes, les textes collent tant à l’actualité immédiate que Christophe Alévêque ne doit avoir le temps de les apprendre par cœur, mais j’aurais préféré qu’il lise franchement son texte, quitte à être moins mobile sur scène.
C’est très dommage car, sur le fond, Alévêque tape fort et vise juste. Il met en exergue le tsunami d’informations qui nous noie et nous abrutit à longueurs de journaux et de journée. Il fustige le sentiment d’angoisse que les médias entretiennent savamment, comme pour alimenter notre peur panique du terrorisme, de la grippe, de la neige etc. … Une angoisse qui fonctionne comme un « épouvantail à cons », et qui détourne notre attention des sujets vraiment importants.
Comme dans Christophe Alévêque est Super-Rebelle, l’humoriste ne peut s’empêcher de pousser la chansonnette enragée, accompagné de ses trois musiciens impassibles. Encore un qui aurait voulu être une rock-star…
Peut-être est-il temps de changer de formule ?
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