Le Ballet Preljocaj enchante une grande partie du public messin avec une pièce chorégraphique, inspirée des histoires des Milles et Une Nuits.
Créée à l’occasion de Marseille-Provence 2013, Les Nuits s’ouvre par un tableau vivant du Bain Turc d’Ingres. Des mouvements hypnotiques et saccadés, une gestuelle précise et symétrique, un travail formel captivant sur la durée et le rythme : l’entrée en matière dans l’exotisme mystérieux de l’Orient sensuel est tout à fait réussie.
Après ce début remarquable, la pièce se poursuit (et se perd) dans un défilé de séquences insistant de manière de plus en plus effrénée et, à notre avis, triviale, sur cette sensualité embrasée hétérosexuelle et homosexuelle correspondant à plusieurs clichés érotiques qui se révèlent involontairement comiques et cocasses.
Les costumes et les musiques ajoutent de la grossièreté et du pathos au premier degré à cette suite de tableaux sensuels dans lesquels, parfois, les mouvements de groupe ne sont pas à la hauteur de la volonté formelle du chorégraphe.
La pièce nous semble rester à la surface des questionnements culturels et, si l’on veut rester sur le plan purement chorégraphique, de la gestuelle érotique que le recueil de contes Les Mille et Une Nuits pourrait susciter aujourd’hui.
Quelles corporalités donner à voir ? Quelle sexualité interroger et déployer ? Quelle vision de l’Orient mettre en jeu ?
Ici, la danse ne creuse aucune question : Preljocaj nous semble fuir ces questions extrêmement politiques liées à l’émancipation du regard et des actes (notamment féminins) pour nous endormir avec une vague provocation sensuelle frivole et accessoire.