Entre essai et fiction, Pierre Michon démontre avec Les onze, son exceptionnel talent stylistique et sa place essentielle dans la littéraire contemporaine.
Il fallait bien que quelqu’un finisse par consacrer un ouvrage au célèbre tableau des Onze de François-Elie Corentin, le Tiepolo de la Terreur. Billaud, Carnot, Prieur, Prieur, Couthon, Robespierre, Collot, Barère, Lindet, Saint-Just et Saint-André, il sont tous là. Le Comité de salut public qui, en 1794, instaura le gouvernement révolutionnaire de l’an II et la Terreur.
Le chef d’oeuvre picturale que le monde entier vient admirer au Louvre ne pouvait être privé plus longtemps de l’étude érudite que lui consacre l’immense Pierre Michon dans ce livre dense et compact de moins de cent-cinquante page. Biographie de Corentin, genèse de l’oeuvre… rien ne manque au travail admirable de l’auteur.
Rien, sauf la vérité. Car Les onze (le tableau) n’a jamais existé, pas plus que Corentin, le « peintre de génie » inventé par Pierre Michon.
Reste un roman admirable d’élégance et de style. Un roman ciselé dont chaque phrase, chaque mot est choisi avec un soin maniaque pour offrir au lecteur un livre inclassable qui se mérite à chaque instant et qui rend au centuple, l’effort consenti à le pénétrer.
Avec Les onze, Pierre Michon prouve une fois encore qu’il est un écrivain rare et précieux. Ses textes sont ciselés avec une minutie confondante et une économie de moyen dont lui seul a le secret.
144 pages – Folio