Voilà 8 ans maintenant que Jean-Pierre Gibrat et Christian Durieux nous racontent façon Pennac les aventures de Philippe et de sa bande. Et malheureusement ils terminent cette tendre histoire avec le tome 4 qui vient de paraitre dans la collection Aire Libre des editions Dupuis.
Les gens honnêtes, c’est vous, c’est moi. On est entre Ana Gavalda et Barbara Constantine. Des histoires qui pourraient nous arriver à chacun d’entre nous mais toujours avec un côté improbable, inexplicable qui apporte une dimension kitsch à ces récits. Le gros avantage, c’est que ces histoires vous laissent plein d’optimisme, d’espoir envers l’humanité qui n’est pas désagréable. Quelle vision du monde!
Le premier tome nous plongeait dans cette famille où Philippe, le héros (sorte de Malaussène avec moins de frères et soeurs et sans maman excentrique…) apprend le jour de son anniversaire qu’il est viré de son boulot. Bien sûr tous les membres de sa famille entourent ce quinquagénaire de leur aide, de leur affection. Mais le chemin sera long et difficile pour s’adapter à cette nouvelle vie; à trouver de nouveaux repères.
Le tome deux, c’était la réinsertion, un nouveau travail, les lien de Philippe avec son ami médecin, la découverte ‘un bouquiniste aussi fantaisiste qu’amateur de bons vins. Et surtout, c’est la découverte de l’amour avec une jeune femme de 20 ans sa cadette.
Le tome 3 évoquait la vie dans un village du sud-ouest. Philippe y tient le seul commerce du village. Loin de Bordeaux, la vie est plus douce, les rapports humains sont à la fois plus silmples et plus chaleureux.
Le dernier album se conclut tout en laissant de nombreux personnages partir sur de nouveaux chemins, dans de nouvelles voies.
Les auteurs, s’ils regardent le monde d’une façon indulgente et optimiste, n’en sont pas moins lucides sur son état et ses faiblesses. Leur démarche est aussi politique, même si elle n’est pas militante. Le chômage, la mondialisation, l’engagement politique sont quelques uns des thèmes abordés. Mais tous se fait avec légèreté, laissant au lecteur la possibilité de se faire sa propre opinion. Les personnages sont des héos ordinaires avec leur force et surtout leur faiblesse.
Le dessin et surtout les couleurs pastel du tome 4 rendent cette atmosphère apaisée. Quelque chose qui ressemblerait à une chanson de Brassens. Le fond y est, la forme reste tranquille. C’est un peu la marque de fabrique de Gibrat que ce soit dans les aventures de Goudard où il décrivait le passage de l’adolescence à l’âge adulte ou dans ses récits sur l’Occupation que ce soit « Le corbeau » ou dans « Le sursis ».
Les gens honnêtes, c’est un peu comme si Philippe était une sorte de Goudard approchant de la retraite.
Réjouissez vous des choses simples, d’un récit plein d’humanité, de sensibilité et d’émotion au travers de cette dizaine de personnages que vous n’oublierez pas.