Même s’il rechigne à y croire, Patrick Chesnais vieillit. Il est des signes qui ne trompent pas : il triche sur son année de naissance, un jeune homme lui cède sa place dans le bus et puis la prostate… « La prostate qui grossit, c’est un marqueur absolu d’une grande maturité » !
À l’heure de faire le bilan, il fallait toute l’élégance de Patrick Chesnais pour dresser un inventaire fait de ratages flamboyants ou pathétiques. Depuis mon enfance (« ma grand-mère vous adore depuis qu’elle est toute petite ! »), j’ai de l’affection pour ce comédien à l’air triste mais joyeux et je me souviens de ma compassion quand j’ai appris en 2006 la mort de son fils, victime d’un chauffard.
C’est d’ailleurs à ce fils décédé, Ferdinand, que Patrick Chesnais consacre sa première lettre d’excuses. « Mon petit Ferdinand, je te demande pardon de n’avoir pas pu profiter un peu plus longtemps de tes beaux yeux bleus. » C’est une déclaration sobre et belle, vraiment poignante. (En l’écoutant, j’ai senti une grosse larme couler sur ma joue.)
Pendant un peu plus d’une heure, Patrick Chesnais nous lit ses lettres d’excuses écrites à celles et ceux qu’il a blessés au cours de sa vie. Il le fait sans se donner le beau rôle. Il écrit à sa mère qui a terminé sa vie en EHPAD (« Je t’ai laissée tombée, ma mère »), à sa Mémé de la Garenne, à sa jeunesse, à sa vieillesse, à Naomi Watts ou encore à Jack Nicholson.
C’est doux amer, c’est tragique et joyeux comme la vie, c’est un beau moment passé en compagnie d’un homme attachant.
Jusqu’au 18 novembre 2024
Théâtre du Lucernaire – Paris VIème
Texte et interprétation Patrick Chesnais
Assisté d’Emilie Chesnais
1h10 | de 10€ à 32€