10 ans après Match Point, Woody Allen nous refait le coup du cynisme appuyé et du polar sentimental. Ca marche encore !
C’est un personnage comme Woody Allen les affectionne. Un héros qui ressemble au cinéaste. Un type tourmenté par la philosophie, la morale et les jeux du hasard. Professeur d’université, il fricote, à peine arrivé sur son nouveau campus, avec une collègue portée sur la bouteille et une étudiante lumineuse.
D’un coté, il partage son spleen. De l’autre, il se rassure avec la fraicheur de l’étudiante. Le destin va lui donner une précieuse impulsion dans sa vie : il envisage de tuer un salopard… Et ca repart. Le goût de la vie retrouve une certaine saveur.
Kant et Sartre deviennent des inspirations pour justifier son crime. Mais que vont penser ses deux conquêtes? L’histoire sentimentale de ce type au fond du trou sera donc le point de départ à un thriller, bizarrement joyeux comme sait le faire le réalisateur de Blue Jasmine.
Après la parenthèse enchantée qu’est Magic in the Moonlight, ce nouveau film joue avec le spectateur. Woody Allen jubile avec ses ruptures de ton, ses personnages pervers et au milieu son étudiante, naïve et brillante, interprétée par la nouvelle muse du cinéaste, Emma Stone.
Comme dans son précédent film, il s’efforce à faire de belles images, dans de beaux décors (c’est assez rare pour être signalé : il tourne aux Etats Unis en dehors de New York), avec de beaux comédiens pour souligner l’ironie de l’existence et de son récit. Son histoire s’attache à décortiquer l’étrange morale de l’universitaire, pervers, séduisant et pathétique en même temps.
L’air est connu mais le cynisme est un art que seul Woody Allen sait travailler avec intelligence et jubilation. La mécanique du meurtre se mélange parfaitement avec les idées plus ou moins désenchantées du cinéaste. Il continue de défendre son cinéma vraiment indépendant, presque perturbant.
Continuant d’observer l’absurdité de nos vies, par des styles et des récits très différents, il entretient la richesse de son cinéma, celui qu’on aime, plein de turpitudes existentielles et de bonnes idées de cinéam. Pas mal pour un vénérable réalisateur de 80 ans ! Un vieil homme! Merveilleusement irrationnel!
Avec Emma Stone, Joaquin Phoenix, Parker Posey et Jamie Blackley – Mars Distribution – 14 Octobre 2015 – 1h36