La musique est un raffinement pour Jack Tatum, l’homme qui se cache derrière le nom exquis de Wild Nothing. Une espèce de brocanteur qui chine des vieux sons classieux du rock !
Il y a peu, nous évoquions les chanteurs qui se glissent dans l’ombre pénétrante de Ian Curtis, symbole du chanteur rock torturé qui écrit pour survivre à ses dépressions. D’autres envisagent la musique comme une collection de mélodies qui doivent faire du bien aux oreilles.
Car la musique peut être un divertissement. Pour les masses mais aussi pour les exégètes, les passionnés et les curieux. C’est d’ailleurs ce vilain défaut qui faire la qualité des disques. Jack Tatum fait de la musique comme on chine en brocante. On devine que c’est la curiosité qui l’a poussé à choisir des orchestrations étranges.
Pas si bizarres. Puisque Tatum aime visiblement, comme beaucoup de monde en ce moment, les années 80. Du fin fond de sa Virginie, il s’est pris de passion pour la pop britannique des eighties. Il pioche dans les vieilles choses pour leur redonner de l’éclat et de la modernité. Les chansons de son groupe, Wild Nothing donne cette sensation qui se révèle assez agréable.
Donc on n’a pas droit à de la tristesse infinie prise dans le piège d’une introspection mélodique (pas mal non ?) mais à une version décalée de ce son eighties, léger et synthétique. Comme sur sa pochette d’album, Jack Tatum s’accapare le meilleur des années 80 mais le recycle avec une habileté qui donne de l’éclat aux guitares, aux synthétiseurs et aux harmonies vocales si significatives de cette grande époque.
Il ne fait pas du neuf avec du vieux. Il rend hommage au vieux avec un goût certain. C’est du travail méticuleux. Cela s’entend et cela rend bien : on échappe aux clichés. On n’est pas dans la déprime glaciale de la cold wave ni dans la vague pop des Modern Talking. On se promène dans des mélodies entêtantes avec des couches de sons qui se déposent harmonieusement les unes sur les autres.
On pense un peu à Lloyd Cole ou les chansons les moins énervés des Cars. Ce ne sont pas les références habituelles et cela fait toute la différence même si on peut se demander si on doit encore avoir des albums de maintenant pour se rappeler de ceux qui marquèrent notre passé… vaste débat !
Captured tracks – 2016