Ce livre est une fusion bizarre entre deux univers qui, en apparence, n’ont rien à voir. D’un coté, il y a une aventure qui ferait plaisir à Jules Verne où des aventuriers courent après un diamant volé dans des contrées mystérieuses, aidés par des machines volantes qui feraient plaisir à Diabolo et Satanas.
Cette référence est un peu trivial car l’autre histoire est beaucoup moins exotique, terre à terre, contemporaine. Le quotidien d’une usine dans le Périgord, dirigé par un chinois libidineux et amateur de colombes. L’alliage entre les deux déconcerte grandement. L’équilibre est précaire et l’idée première du romancier et professeur, Jean Marie Blas de Robles, est assez loufoque.
Car les deux époques se répondent assez tardivement. Ce qu’on lit, c’est une défense ardente de la fiction, du livre et de la passion. Mais les sauts temporels sont parfois un peu trop ardus pour les lecteurs. D’un coté, on se plaît à suivre des dandys dans une folle course poursuite à travers les continents. De l’autre, on découvre un constat sans appel, un peu saccadé et stéréotypé du monde actuel où la mondialisation mécanise même les sentiments et les envies (même sexuelles).
L’auteur ne manque pas de fougue. Son projet est quasi fantasmagorique, développant des histoires et des personnages avec une énergie incroyable. Elle est à la hauteur de son ambition. Mais la dualité du récit nous empêche d’adhérer totalement aux deux univers décrits, avec un entrain incroyable et très surprenant dans ces temps de réalisme pesant et de nombrilisme franchouillard.
Cela reste bancal malgré des qualités omniprésentes. L’île du Point Némo est le livre qu’on aurait voulu aimer. Mais si vous partez sur une île deserte, il peut par sa richesse, être un bon compagnon.