Plongée dans un monde de marginaux avec un réalisme dérangeant.
Le sous-titre de la pièce La Vie et la Mort d’un vaurien ne ment pas. La magie de la fête n’a pas imprimé le destin de Liliom. Artiste forain sans fard il n’excelle que dans l’art de la violence. Le mépris, les coups lui tiennent lieux de langage.
Avec les canons à bulles sur le parvis, le stand de barbe à papa dans l’entrée, le théâtre entier tient lieu de décor. Sur scène auto tamponneuses, grande roue et roulottes nous rendent proche de Liliom.
La jeunesse des acteurs sert la pièce. Amandine Calsat désarme en Marie. Clara Mayer nous attendrit en Julie dans les souvenirs de la douceur de son amour quand les coups pleuvent. Julien Cigana et Teddy Melis tels des Dupond-Dupont dans Tintin incarnent des gendarmes, inspecteur et détectives du Ciel irrésistibles.
Mais l’auteur s’est tant mis dans la tête de son personnage que l’on peine à écouter les dialogues. Le niveau de langue agresse l’oreille. Sans dénaturer le texte d’origine, l’omission de certaines vulgarités dans la traduction française n’aurait pas déplu. Les airs de la talentueuse harpiste Lidwine de Royer Dupré apportent heureusement un peu de poésie dans le flot d’insultes.
Jean Bellorini, directeur du théâtre a choisi la pièce du hongrois Ferenc Molnàr pour lancer sa saison. Certes elle évoque la jeunesse, les rêves, la mort, l’au-delà mais avec une cruauté éprouvante. On retrouve l’absurde de Brecht ou de Ionesco et la tendresse sans retour de la Strada de Fellini.
Du 25 septembre au 12 octobre 2014
Théâtre Gérard Philippe, Saint Denis
Sur les planches de l’Odéon en 2015