Prince est de retour avec un triple-cd sur le label indépendant Because Music. Triple injection pour trois facettes : soul, rock et funk. Triple injection pour montrer que le Prince aime plus que jamais le mélange des genres tout en renouvelant son statut d’incontournable musicien. Enfin !
Le Prince a choisi Because Music pour la France, un label indépendant. Prince entretient la singularité. On se rappelle que le Prince a été un des premiers a claqué la porte des majors, ouvrant la voie à bien d’autres depuis… Si le nom du Prince était sous licence à la Warner jusqu’en 2000, Rogers Nelson de son vrai nom n’a jamais cessé de produire, écrire sous d’autres pseudos, même si les medias l’ont beaucoup moins exposés.
De retour cette année à Londres et cet été en Suisse au Festival de jazz de Montreux devant 8 000 fans, le voilà désormais en pleine lumière dans les bacs sous deux versions : un album simple « Lotusflow3r » et un triple cd en édition limitée dans lequel l’album central est rejoint par « Elixer » et « Mplsound » (Minneapolis Sound). Pochette surréaliste, le Kid de Minneapolis au centre d’un lotus renaît. Bienvenue dans la Galaxie du Prince…
L’Elixir de Bria Valente : se Souler au « 2nite »
Le triple-cd est forcément surprenant. Parce qu’il donne une formidable rampe de lancement à Bria Valente, la nouvelle protégée du Prince dans un album clairement conçu pour activer les hormones. Si l’album est inspiré d’une soul entourée d’étincelantes touches de guitare électrique au son jazzy et parfois de lourde basse (« Here Eye Come »), le rythme vacille entre son hip-hop (« Home ») et disco comme en témoigne le sulfureux « 2nite » qui fera chanceler tous les night dancers avec un langoureux beat disco qui va faire transpirer les boules à facettes. Le song lover n’oublie pas qu’il est une icône sexy, Bria est là pour le rappeler, effets de voix séducteurs à l’appui. La galaxie du Prince, c’est aussi l’univers de la nuit. « 2nite » va tourner en boucle sur les platines, tandis que les autres morceaux parfois sombres vous plongeront dans une soul propre mais qui ne révolutionnera pas le genre. « Every time » donne même un côté fleur bleue kitchissime. L’album s’écoute très bien même si les fans ne comprendront peut-être pas l’immersion de cette nouvelle icône dans le paysage du Prince.
« Lotusflow3r » : la guitare-power
« Lotusflow3r » remet la guitare en pole position et on sait qu’en ce domaine le Prince est largement compétent. Les sonorités sont variées et rejoignent celles d’Hendrix. L’influence est telle dans « Dreamer » (la wah-wah se lâche un peu) qu’on ne peut le prendre que comme un hommage. Les fans ne s’y retrouveront pas forcément, – on est loin de « Purple rain »- les mélomanes peut-être davantage avec des touchers de gratte qui font du bien entre blues (« Colonized mind ») et pop (« 4ever »). « Boom » alterne guitare nerveuse et voix calme, « Wall of Berlin » vire carrément au psychédélique et promet des concerts explosifs. Cet album est le plus rock des trois mais aussi le plus complaisant : il annonce le retour musical d’un Prince qui se fait plaisir en jouant. C’est la nouveauté du tryptique. Cette complaisance pourrait en agacer certains qui préfèrent la concision au bavardage musical. De notre côté, ça passe. « …Back to the lotus » le dernier morceau instrumental clôt l’album comme il s’est ouvert : sur une guitare qui improvise et s’amuse à serpenter sur des sonorités électro qui annoncent désormais le troisième volet funky et le plus surréaliste : « MplSound ».
« MplSound » : attention, le Kid est toujours là
C’est l’abum qui ressemble le plus à la production passée du Prince. Ca décape comme le spasmodique « Dance 4 me », et ça roucoule comme le doux « U’re gonna c me » dans lequel Prince laisse entendre sa fragilité vocale. Le vocoder (effet vocal sur la voix) est usé avec parcimonie tout au long de l’album. Prince a dépoussiéré les synthés et les effets. (« There’ll never B) Another like me » et « Chocolate box » vous convaincront dès l’ouverture. Le synthé en fond de « Valentina » et les paroles-gimmicks nous rappellent que le Prince s’est fait une renommée mondiale grâce à sons sens de la mélodie. Enfin le morceau « Ol’skool company » s’impose comme le morceau phare par sa variété et son culot. Enorme. On pourrait regretter qu’il n’y ait pas plus de cette folie tout au long des trois albums. Pas de doute, le Prince est de retour. C’est funky-electro, ça bouge, ça a du pep’s. On retrouve le brin de folie du Kid de Minneapolis.
Pour l’ensemble, la production orchestrée par le Prince marque donc le grand retour de la star mondiale. Une semi-renaissance. Musicalement, l’ensemble est bon, même très bon par moment et montre que le Prince est là. Prince se fait plaisir en mettant en avant ses guitares et Bria Valente, refuse de faire des compromis. Sur la quantité de morceaux, certains vont faire date dans les discothèques, on pense à « 2nite » ou « Ol’skool company ». A écouter, donc. A danser, évidemment. A quand les concerts en France ?
Chronique publiée le 7 septembre 2009