L’album des virtuoses du jazz « manouche » !
Il était temps que le jazz manouche retrouve ses lettres de noblesse. Ce n’est pas encore gagné mais le dernier festival des Nuits Manouches à l’Européen de Paris fait partie de ces festivals qui permettent à tous de redécouvrir des artistes dont les mauvaises langues disent qu’ils sont surtout de grands techniciens. Petit coup de pub pour ce festival qui avait invité Angelo Debarre & Ludovic Beier, Raphaël Fays, Samson Schmitt et Dorado Schmitt, Mandino Reinhardt, Marcel Loeffler et notre Tchavolo !
Pour ce dernier album, « Loutcha », le nom de madame Tchavolo, celui qui interprétait le professeur de guitare dans « Swing » de Tony Gatlif, s’est entouré de Claudius Dupont à la grand-mère (contrebasse), de Mayo Hubert et Martin Limberger à la guitare rythmique ; et surtout de l’extraordinaire Costel Nitescu au violon qui ne peut faire que du bien à Tchavolo ! Un violoniste roumain hors pair, dont on dit dans les coulisses de la Musique que Bireli Lagrene s’en méfierait, tant l’artiste impose sa présence et son talent sur scène… Les concerts finissaient en duel musical…
Pour ce disque, nous redécouvrons des classiques du jazz version manouche comme « Cheek to cheek », « Ménilmontant » ou « Que reste-t-il de nos amours ? » et trois compositions du maître (Antsela, Pour Flavio, Valse à Dora). Cet album reste un peu classique dans sa forme mais on retrouve la joie que procurait le duo Reinhardt/Grappelli. Je dis bien la joie et non la nostalgie si souvent associée à cette musique. Le « poum tchak » de Mayo Hubert et Martin Limberger est rôdé comme une mécanique implacable avec laquelle Tchavolo se débat à coup de variations rythmiques impressionnantes. Pas de doute, Tchavolo est « dedans » comme on dit. Dans l’accord mais aussi dans la corde et le bois ! La guitare respire en swing, le phrasé rapide mais limpide trouve sa place et ferait battre le pied au plus récalcitrant. Avec une liberté incroyable sur le manche, Tchavolo nous emmène dans des valses tourbillonnantes (Valse à Dora). Un style efficace et sensible sans fioriture technique excessive.
Costel, surnommé en concert par Tchavolo « le salopard » – comprenez ce que vous voulez – joue ses envolées lyriques et ses attaques imprévisibles mais laisse des chorus aux autres musiciens pour le bonheur de tous ! Enregistrement studio oblige. Lui qui place sans problème les quatre saisons de Vivaldi dans n’importe quel morceau la joue plutôt sobre sur le disque… Mayo Hubert peut se lancer dans des solos, lui qui reste souvent dans l’ombre du maître, et nous montrer son joli phrasé et Claudius faire sonner sa contrebasse (Stomping at Decca). L’équilibre a l’air bien trouvé pour cette nouvelle formation même si l’enregistrement en studio oblige à faire des choix qui ne sont pas toujours compatibles avec cette musique qui s’amuse et se régale d’improvisations, de sourires et de grimaces quand chaque soliste arrive au terme de sa phrase en même temps que la fin de l’accord.
Cette musique parle avec le corps, écoutez Tchavolo respirer sur « Chez Jacquet » vers les 2’05’’ pour vous en convaincre ! Les sonorités métalliques mêlées à celle du violon et de la contrebasse nous transportent dans l’univers d’un jazz joyeux loin des clichés mélancoliques qu’on veut parfois lui attribuer. A quand le live qui nous ferait entendre les applaudissements à chaque fin de chorus, les silences, les râles, les échanges si vivants de cette musique partagée avec le public ? Pourquoi ce qui est possible pour Eddie Louis et Petrucciani ne le serait-il pas pour Tchavolo et Costel ?
Tchavolo est sans aucun doute l’un des derniers grands guitaristes dans la lignée de Django qu’il vénère toujours humblement comme le Maître de cette musique. Un album référence à avoir dans sa cd-thèque ! Et un petit conseil, si Tchavolo Schmitt passe près de chez vous avec sa formation, foncez ! Humour et générosité garantis.
Sébastien Mounié
© Etat-critique.com – 30/09/2006
Attention, mon commentaire est volontairement provocant, mais ne me faite pas dire ce que je n ai pas dit. Il sert uniquement à faire reflechir sur les jugements de valeurs hâtifs que l on peut faire sur autrui.Si j ai bien compris, d après certains d entre vous, lecteurs, on peut se permettre d établir un classement dans le hall of fame, en affirmant que ce classement est véritable et en insunuant que quiconque ne suit pas ce classement est vieux c.. ou quelque qui ne comprend rien à rien Mais dans ce cas, que diriez-vous, même lecteurs, des gens qui se permettent d établir une hie9rarchie entre bon et mauvais français, bon et mauvais travailleurs, bon et mauvais chrétiens, ou bon et mauvais ce-que-je-préfère-et-que-les-autres-devraient-penser-comme-moi-sinon-ce-sont-que-des-mechants-tout-pas-beau-qui-comprennent-rien-a-rien ?Je suis musicien, et avec le temps j ai appris qu il y a a toujours deux manières d aborder l écoute de l oeuvre d un autre musicien.La première, technique, car, qu on le veuille ou non, la musique utilise des techniques et possède des règles, tout comme la photo, la peinture, ou n importe quel art. On ne peut pas passez à coté, ce sont des règles physiques. Il y a forcement un jugement qui concerne l utilisation, ou au contraire, le détournement des règles de bases pour construire le morceau musical.On peut choisir de penser que la technique est ce qu il y a de plus important (dans ce cas, on relaie Monsieur Kobain au fond du classement ) ou au contraire, on peut penser que la technique n est rien qu une sale manie (et dans ce cas, on méprise Monsieur Pettrucci)L aspect technique est facile à évaluer, parce que tout le monde utilise les mêmes bases. Une note qui est jouée en dehors du tempo est jouée en dehors du tempo. Ca fait mal, mais on ne peut que le constater.Par contre, pour ce qui est de l appréciation du talent , ou de l aspect émotionnel, personne, je ne dis bien, personne, ne ressentira exactement la même émotion que quelqu un d autre à l écoute d un morceau de musique.L émotion que l on retire de la musique est strictement personnelle.Ce qui implique que toute hiérarchie basée sur l émotionnel ne sera QUE personnelle, et ne vaudra en AUCUN CAS titre de loi universelle(j exagère, mais à en lire certains, on blasphème lorsqu on ne classe pas Sardou ou Kurt Cobain d une certaine manière)La musique est un art, et chacun doit l apprécier de manière personnelle, et accepter que d autres personnes puissent avoir une autre appréciation que la leur.De même, en élargissant, chacun personne possède des avis et des opinions différents. Il faut se garder des jugements hatifs qui peuvent conduire aux extrêmes.Ce n est pas parce que l autre pense différemment qu il est forcement con.Et pour terminer, petite citation des Inconnus United Color of Bande de C Ce n est pas parce qu on est différent qu on est plus intelligent A méditer.