Cinéma

Magic in the moonlight

La question que l’on pose chaque année dans les diners : « Alors, il est comment le dernier Woody Allen ? »

Cette année, je vous avoue que la réponse est sérieusement mitigée. Pas comme d’habitude. Trop de blabla. Pas assez de Woody Allen. Blue Jasmine avait placé la barre haute et surtout marqué le retour du réalisateur à New York pour une comédie existentielle et dépressive comme il sait le faire.

Convaincant, il l’est beaucoup moins dès qu’il part en voyage en Europe. Pourtant dans Magic in the Moonlight, il revient en France et l’air du Sud lui fait aussi du bien. C’est presqu’un Woody Allen optimiste qui film cette comédie fantasque, théâtrale et surtout légère.

C’est peut être ce qui manquait dernièrement à l’auteur de Midnight in Paris : un certain détachement, un plaisir de mettre en scène sans aucune sentence et bon mot inspiré par le temps qui passe et une certaine misanthropie.

Impossible de ne pas reconnaître dans Stanley Crawford, prestidigitateur à succès dans les années 20 et chasseur d’imposteurs de renommée internationale. Avec lui, les médiums de tout poil peuvent se méfier.

Un ami vient donc le chercher pour trouver la faille chez Sophie Baker, ravissante jeune femme qui communique avec les morts et semblerait escroquer une famille américaine, riche et incrédule, installée dans le Sud de la France.

Stanley ne va pas longtemps résister au charme indéniable de la jeune femme. Son pouvoir de séduction semble plus fort que ses pouvoirs paranormaux. Arrogant et bourru, l’Anglais va voir ses certitudes mises à mal !

L’animal aigri peut il devenir un être papillonnant entre le plaisir et l’amour ? Les sentiments rendent ils toujours aussi niais ? Le faux peut il révéler le vrai ? L’émotion est elle meilleure que la raison ? L’illusion peut elle sauver nos mornes existences ?

Pour les amateurs, ne vous inquiétez pas : Woody Allen continue de s’interroger et de se mettre en scène par le biais ici d’un Colin Firth irrésistible en spécialiste du canular, sûr de lui et peu aimable. Il est tout simplement génial.

Ce qui change c’est le plaisir visible du metteur en scène. Chaque année, il sort un film mais sur celui-ci, il semble s’amuser avec des comédiens investis (épatante Emma Stone qui donne une nouvelle jeunesse à Woody Allen, subjuguée comme il le fut avec Scarlett Johansson), une photographie soignée, une bande son toujours euphorisante et une nostalgie partagée. Les années 20 sont incarnées avec délice et joliesse. Il y a de l’enthousiasme dans ce film mélancolique et doux. Ce n’est pas dans les habitudes du clown triste et angoissé que peut être Woody Allen. Il arrive encore à nous surprendre. C’est là que se trouve la magie de son talent !

Avec Colin Firth, Emma Stone, Eileen Atkins et Marcia Gay Harden – Mars Distribution – 22 octobre 2014 – 1h35

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