A la redondante marvelisation des films hollywoodiens, le retour de Roland Emmerich est presque une très bonne nouvelle. Les temps sont durs.
Moins difficiles que la Seconde Guerre Mondiale tout de même. Et l’attaque fourbe des Japonais sur Pearl Harbor! L’Amérique fut surprise par la technique et la modernité de l’armée nippone.
Les avions de l’Amérique sont vieillots et seul, le courage des pilotes pouvait faire la différence. Tout cela n’est pas rassurant pour les généraux qui devine tout le drame qui déroule dans l’Océan Pacifique, lieu d’enjeux considérables et qui atteindra son apogée avec la bataille de Midway.
L’histoire, et le film avec Henry Fonda, Charlton Heston et Toshiro Mifune, sont connus. En grand fan de Spielberg devant l’éternel, le maladroit mais ambitieux Roland Emmerich s’offre lui aussi son film de guerre plein d’héroïsme.
Un con trop loin. Roland Emmerich rêve d’être Spielberg mais il a toujours été un concurrent sérieux de Michael Bay. Un spécialiste de Blockbuster boursouflé et crétinoïde. Midway a au moins le mérite de nous faire oublier cette grosse casserole rouillée qu’était Pearl Harbor.
C’est moins long déjà. Et c’est plus rythmé. On retrouve chez Emmerich une idée assez naïve du cinéma qui n’existe plus à Hollywood. Pas très doué, ce type poursuit un rêve. Sans baisser les bras. Avec une conviction intacte.
Il a détruit mille fois la planète avec des récits délirants, hilarants ou débiles. Il a aussi défendu la cause des homosexuels ou raconter la vie tumultueuse de Shakespeare. Emmerich n’a peur de rien et quand il aime un sujet, il y va à fond… sans contrôle. Donc ici, c’est pareil. Il nous raconte avec son insistance habituelle, la partie de touché coulé entre deux nations.
Donc ca va pétarader dans tous les sens. Des cockpits, il donne le tournis et nous montre la dextérité et le talent des pilotes. Le plus dans tout cela, c’est qu’il ne donne pas dans le patriotisme exagéré, ce qui est tout de même sa marque de fabrique. Ici, l’ennemi japonais n’est pas absent ou tout simplement fourbe. Merci pour eux. Merci pour nous.
Mais on sent aussi qu’il est heureux de jongler avec des clichés datés qui nous rappellent au mieux nos doux souvenirs de l’émission de La Dernière Séance. Les épouses inquiètes, l’amitié virile, le général bienveillant, le sacrifice ultime, les beaux décors formica et la présence saugrenue au milieu de tout cela, du futur cinéaste de génie, John Ford.
On ne parlera pas de l’interprétation limité d’un casting d’Américains qui serrent très fort les machoires. C ‘est risible. On se demandera aussi pourquoi Emmerich s’est disputé avec David Arnold, son compositeur des premiers succès. Avec une bonne musique, Midway aurait pu être un vibrant hommage aux films de guerre à l’ancienne.
Mais non, rien de tout cela: Midway est un film de Roland Emmerich! Aussi jubilatoire qu’inégal. Comme tous ses films, on voudrait bien les aimer… mais le « trop » est souvent l’ennemi du « bien »…
Avec Ed Skrein, Luke Evans, Patrick Wilson et Woody Harrelson – Metropolitan film export – 06 novembre 2019 – 2h15