Juste des formes et des couleurs! L’artiste aborigène convoque l’émotion et nous laisse deviner tout un monde perdu. D’une subtilité rare.
Il y a seulement trente œuvres de la peintre Sally Gabori, de son vrai nom Mirdidingkingathi Juwarnda à la fondation Cartier. Vous pouvez faire le tour en une dizaine de minutes. Ce pourrait même être une astuce pour apprécier l’ambiance de cette exposition venue de si loin.
La déception peut venir car on est vite frustré par le style brut de l’artiste, novice mais sincère. La peintre s’est mise au travail à l’âge de 80 ans. En dix ans, jusqu’à sa mort en 2015, elle a peint et s’est attaquée à des toiles immenses.
Il faut donc un second passage dans l’exposition. Heureusement l’endroit est toujours aussi sympa : la verdure qui vient se coller à l’immeuble de la fondation nous enferme dans l’univers de l’artiste qui a bien entendu la nature comme inspiration.
C’est ce qu’il se cache derrière les couleurs criardes ou délavées de ses toiles primitives. Le peuple de Sally Gabori a longtemps été isolé et la peintre a grandi sur une île sauvage. C’est elle que l’on devine dans les formes. Petit à petit les coups de pinceaux soulignent la perspective puis les paysages.
Le coté instinctif révèle aussi des souvenirs d’une époque lointaine. La vie de l’artiste se devine dans les toiles et l’on comprend son rapport au monde qui l’entoure. C’est finalement subtil et un second passage permet de découvrir certains mystères et de trouver une véritable émotion.
On a bien l’impression de découvrir un ailleurs exotique et une artiste surprenante entre ses traditions et sa créativité soudaine. Un moment étonnant car finalement très touchant.
Jusqu’au 06 novembre 2022
à la Fondation Cartier, Paris XIVème