De la politesse du désespoir à la politesse du cœur…
Guy Bedos et Philippe Magnan sont sur le plateau du Théâtre Hébertot. Vêtus de pyjamas, allongés, en service de réanimation, ils se savent malades d’un cancer. Le diagnostic tombe sans ambages dès les premières minutes, le médecin pronostique deux semaines de vie pour Jules Tourtin (Philippe Magnan) et une semaine pour Paul Blanchot(Guy Bedos). L’annonce provoque un dernier sursaut chez Paul Blanchot qui décide alors d’entraîner Jules sur la route la plus proche pour une dernière évasion sentimentale.
Accompagné par du Chopin, le spectacle avance au rythme des pas en suspend de chaque comédien. Le duo fonctionne très bien, Philippe Magnan joue un retraité de chez Darty qui semble être passé à côté de sa vie, tandis que Guy Bedos joue un père en quête d’un dernier souffle. C’est la rencontre avec une jeune femme enceinte qui donnera au duo l’occasion d’exister une dernière fois.
Les échanges donnent lieu à de jolies mots d’humour même si le rythme est sans doute plombé par un Frédéric Chopin qui donne une coloration très mélancolique à l’ensemble et un dialogue de Samuel Benchetrit qui n’exploite pas assez les potentiels comiques et cyniques de chacun . Le sujet aurait pu s’aparenter au roman de Jonas Jonasson, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, et offrir un road-movie humoristique et provocateur, il n’en est rien. Guy Bedos joue un vieux serein qui a rangé ses colts et accepte le destin annoncé, Philippe Magnan un vieux désenchanté proche d’un Droopy incompris.
La balade en compagnie de ces deux grands comédiens aux profils de clowns blancs ayant baissé la garde est agréable. La scène est tenue avec aisance et les situations les plus drôles permettent au comédien de rebondir avec facilité . Une politesse du désespoir mise à nue qui laisse place à une nouvelle politesse du cœur. Un peu trop polie ?