Il faudra le petit scandale de la remise de l’Oscar du meilleur film pour mettre un peu plus en lumière ce tout petit film qui démontre que les apparences sont trompeuses. Par les temps qui courent, voilà un discours qui serait presque subversif!
Les politiciens aime les clichés. Les spectateurs aussi. Ce sont des repères. Ils peuvent être ennuyeux mais ils simplifient la vie. La vision de la vie. Pour le cinéma, cela simplifie les récits. Pour les politiciens, cela permet d’établir des idéologies.
Pour le cinéaste Barry Jenkins, le cliché est une chose à démonter. Sans en faire des tonnes. Juste en montrant que l’homosexualité ne concerne pas qu’une classe sociale et que les dealers ne sont pas tous des enfoirés. Il faut le faire lorsque Donald Trump dénonce les fake news et inventent toutes sortes de communautés belliqueuses à l’égard de l’Amérique.
On voudrait bien voir une défiance dans cet Oscar remis maladroitement. La qualité de Moonlight c’est cependant son étrange délicatesse et son humanisme un peu trop esthétisant mais tellement rassurant. Le second long métrage de Barry Jenkins suit trois étapes dans la vie d’un homme. Un enfant pauvre qui deviendra un gros dealer musculeux qui fait passer 50Cent pour un canard déplumé.
Il a une grosse voiture. Des dents en or. Et des dollars dans sa poche. Il a surtout un vécu et une sensibilité. Le sujet est casse gueule. Le dealer va connaitre un mentor. Puis un ami. Puis un amant. Puis la solitude. Jenkins utilise un esthétisme appuyé pour éviter le ridicule. On pourra lui reprocher mais cela fonctionne plutot bien car tout est réfléchi et dosé dans ce film inclassable et d’une tendresse inouïe.
Parfaitement joué et maitrisé, le film très poliment, s’insurge sur les raccourcis, les idées courtes et donne à voir ce qu’il y a de meilleur chez chacun. Moonlight est un rayon de soleil dans cet hiver qui dure.
Avec Trevante Rhodes, André Holland, Janelle Monáe et Ashton Sanders – Mars films – 1er février 2017 – 1h45