Cronenberg, Kubrick ou Lars Von Trier, les emprunts sont nombreux dans le dernier film d’un auteur que l’on pensait plus singulier. Déception.
Darren Aronofsky est un cinéaste ambitieux, mystique et assez passionnant à suivre depuis son Requiem for a Dream, fascinante plongée dans l’enfer de la drogue. Depuis il a touché à tout. Des films indépendants et des grosses productions. Et Mother rappelle toute sa singularité.
C’est un faux film d’horreur. La maison hantée est bien là mais elle nous ouvre la porte sur autre chose. Quelque chose d’inédit! Mais avant de partir dans le mysticisme si cher à l’auteur de The Fountain, le cinéaste va reprendre le grain de pellicule et le style de Lars Von Trier pour nous mettre mal à l’aise.
Nous mettre dans une ambiance étrange, où le concept dépasse la fiction, qui singe déjà la réalité. Puis rentre l’angoisse à la mode Polanski, avec une femme qui s’interroge sur son quotidien et décortique l’absurdité de sa maison, de son couple et pourquoi pas du monde?
Là dessus la touche organique si chère à David Cronenberg apparait. La jeune femme voit de drôles de choses dans sa maison. La maison est vivante et on trouve des chairs au fond des toilettes et des fentes bien chaudes au milieu du parquet!
Normalement, là, le flippomètre devrait être au plus haut. Mais pas vraiment en fait car tout cela ressemble à une digestion poussive d’influences, ce qui est étonnant de la part d’Aronofsky, plus aventureux d’habitude.
Cela ne s’arrange pas lorsque le mari de la femme se révèle être un écrivain ce qui avec la maison bizarrOïde, n’est pas sans rappeler Stanley Kubrick et son hotel maudit de Shining! On comprend que la maison est hantée finalement par les difficultés du couple: la solitude exisentielle, le processus de création, l’arrivée d’un enfant…
Lourdaud, on devine les symboles puis le film part dans un grand n’importe quoi où Aronosky se laisse aller à une dénonciation des religions, de la gloire, de la folie des hommes et salue avec violence, la grâce des femmes. Avec un fracas inutile et souvent grotesque.
Hélàs il confie le rôle principal (et omniprésent) à Jennifer Lawrence, peu charismatique et qui se fait voler la vedette par une Michelle Pfeiffer, malicieuse et sexy dans la première partie du film. En plus elle joue la femme d’Ed Harris, qui impressionne toujours autant! Avec Javier Bardem, Jennifer Lawrence a bien du mal à amener une once de compassion ou d’empathie.
Le réalisateur aime bien prendre le spectateur par surprise mais cette fois ci son piège est trop complexe, tordu ou tout simplement raté. Il nous prend un peu pour des tétards! Son faux film d’horreur est simplement un vrai ratage!
Avec Jennifer Lawrence, Javier Bardem, Ed Harris et Michelle Pfeiffer – Paramount – 13 septembre 2017 – 1h50