Loin de la vision édulcorée de Walt Disney, en live ou en anime, le film d’Andy Serkis est nettement plus intéressant par ses ambiguités et même ses défauts.
Parce que le fameux Livre de la jungle est désormais estampillé Disney et que tout cela est un peu trop mignon. Complice intime de Peter Jackson, le comédien Andy Serkis (Gollum et Kong pour les besoins de Jackson quand même) passe derrière la caméra pour parasiter ce modèle de conte, adapté en « vrai » par Jon Favreau il y a quelques années, toujours pour les besoins de la compagnie aux grandes oreilles.
Mowgli est donc désormais un petit film d’aventures, courageux, maladroit, et produit par la plateforme Netflix (plus le studio Warner). Serkis apporte tout ce qu’il a appris avec son maître: le film fait dans la grandiloquence. L’exploit technique est constant. La performance est admirable. Cela se voit. Souvent trop. Mais les animaux du Livre de la Jungle sont nettement moins lisses que dans les plus célèbres versions.
On n’est pas loin de se demander si Serkis n’a pas tenté d’entrainer la fameuse histoire vers le film d’épouvante, ou d’horreur (l’antre des singes est bien flippante). Les hyènes font bien peur et Shere Khan est un authentique psychopathe (il a la voix divine de Benedict Cumberbatch). La jungle n’est pas si exotique. Les images ne sont pas toujours les plus belles mais Serkis a réellement pensé son interprétation et cela se voit à l’écran.
Il retrouve même à certains moments le coté subversif et initiatique des contes pour enfants. Ce n’est pas le film tout public mais il est évident que Serkis nous venge des films trop polissés qui pululent à cette période de fêtes de fin d’année. Rythmé et passionné, Mowgli est loin d’être chef d’oeuvre de l’année mais on le sent totalement animé des meilleures intentions. Par les temps qui courent, c ‘est une très bonne nouvelle!
Avec Rohan Chand et les voix de Christian Bale, Andy Serkis et Cate Blanchett – 2018 – netflix