Alors comme ça on maltraite nos vieux dans des résidences où le profit aurait pris le pas sur la santé et la bienveillance?? Il ne fait pas bon vieillir dans nos contrées? Le grand capital n’a donc pas de sensibilité et de cœur?
Pourtant un vieux – au delà de sa richesse pécuniaire – a de l’expérience, du talent et des qualités. Ses forces ne sont plus les mêmes, mais le vieux peut toujours surprendre. Et se révéler encore et encore…
C’est le cas par exemple de Neil Young. Il a échappé la mort il y a quelques années. Il a pris un vrai coup de vieux mais cela n’a jamais cessé de produire de la musique. C’est peut être un peu plus hirsute qu’avant mais le Loner Canadien continue de sortir des disques, preuve qu’il continue de rire face à la mort qui avance vers lui.
Il a ressorti aussi ses excellentes et vieilles archives. Cela a prouvé qu’il n’était pas juste une mémoire du rock mais un authentique artiste attachant, rigoureux (des albums entiers étaient cachés), heureux de ses multiples facettes entre folkeux incandescent et père du grunge.
Dans Barn, son tout dernier opus, on retrouve un peu tout cela. Il retrouve encore une fois le Crazy Horse, formation abrasive qui contient comme elle peut les furies électriques de Neil Young.
Le quatuor s’enferme dans une grange et joue la nuit. Il en sort une série de titres, entre country élégante et rock de brigands. Young y parle de sa jeunesse et de ses espoirs à venir. Hors des modes, sa voix continue de se nourrir d’une inspiration moderne, il semble encore être dans son époque, soucieux de ce qui se passe autour de lui. Il y a toujours cette fraîcheur dans son écriture sans fioriture et interprétée avec un enthousiasme post adolescent.
Autre papy à accélérer la cadence pour défier le temps qui passe: Paul Weller. Comme son cousin d’Amérique, le guitariste britannique sort le plus vite possible des albums gourmands, remplis d’idées et d’envies.
Pour cet hiver, après deux albums originaux en une année, il se prend pour un chef d’orchestre et se verrait bien Burt Bacharach avec ce live symphonique qui pourrait ressembler à de la facilité et de l’ennui poli de la part de l’ancien leader des Jam.
Pourtant ce gros live de dix-huit morceaux rappelle aussi que Weller aime vraiment se confronter à tous les styles, les genres et les situations. Il se prend donc pour le James Bond de la Pop, invite des copains presque ringards et fait tourner en bourrique un orchestre qui retranscrit parfaitement l’énergie créatrice de Paul Weller.
On entend ses petits classiques comme l’indétrônable Wild Wood puis on redécouvre ses dernières folies entendues dans ses disques les plus récents. L’homogénéité est incroyable. Tout est d’une cohérence fascinante et le disque fait oublier le côté nouveau riche de la démarche pompeuse et institutionnelle. En héros vieilli de la pop anglaise, Weller assume son âge et tout son héritage!
On aurait pu vous parler du dernier Bowie, mais on parle de nos vieux… vivants. Mais Bowie ne mourra visiblement jamais. Et pas besoin de ressortir désormais de vieilles choses du dandy du rock. Il inspire toujours et encore. A commencer par le méticuleux Miles Kane, grand copain des Artic Monkeys et fin connaisseur de la musique populaire.
Son dernier album, Change the Show, ne changera rien de la face du rock ou de la pop. Il va juste rappeler les bases fondamentales d’un son élégant et spectaculaire. Le musicien est revenu de tout: de son rêve américain et de son succès angoissant.
Son petit dernier revient aux bases de sa passion: une pop qui emprunte essentiellement à Marc T.Rex Bolan et bien entendu David Bowie. Le tout sera saupoudré d’une touche Beatles. On entend aussi des ambiances très swingin’ London et white soul. Miles Kane a tout piqué aux vieux. Et lui il ne tape pas au portemonnaie et ne les met pas en danger. Dans son ephad musical, les vieux sont très bien traités. Tant mieux.