Cinéma

Ni juge ni soumise

Striptease fait son retour au cinéma avec un documentaire rigolo sur une juge d’instruction qui n’a pas sa langue dans sa poche. Le rire fait place à l’inquiétude mais le résultat est bon pour le moral!

Car il met en scène une femme de caractère. Une femme forte. Une bavarde qui sait se servir des mots pour mettre les hommes à leur place. Elle a un regard rusé et on sent que peu de choses peuvent l’user. Elle poursuit les escrocs, les minables, les voleurs, les tueurs, avec une force qui se cache derrière un humour presque trivial.

Le style Striptease est donc reconnaissable car le sujet est un personnage complexe et jovial. Le quotidien de la juge Anne Gruwez nous fait traverser tous les maux de notre société. On peut frissonner: comme la juge, on peut décider d’en rire.

Comme d’habitude, il y a deux manières d’aborder le documentaire: on peut le voir avec un regard très « premier degré » et on a toutes les raisons de s’inquiéter. On peut aussi prendre du recul à travers la réalisation sans filtre (apparent) de Yves Hinant et Jean Libon. L’émission culte se trouve un personnage miroir en la personne de Anne Gruwez.

Ses excentricités (sa passion pour les 2CV, sa cohabitation avec un rat, ses blagues vaseuses mais salutaires) cachent une redoutable justicière. Elle brise les habitudes de la justice et de sa représentation. Le petit accent de nos voisins apporte évidemment un exotisme savoureux. Mais on voit aussi le quotidien de la loi et de ses institutions.

Le film montre un combat sans fin mais passionnant. L’esprit gentiment malin des Belges ressort magistralement dans ce documentaire saisissant car il nous place en face de ce qu’il y a de pire dans notre époque. Les militaires se mettent à hanter les rues. Le terrorisme rôde mais notre juge s’acharne pour que les petits soient aussi considérer.Au delà de toutes les considérations artistiques et politiques, ce documentaire est un étrange reflet de nos sociétés. Drôle. Pathétique. Courageux. Déconcertant. Tout à la fois!

ARP – 7 février 2018 – 1h38

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